Le sprinter du Stade Bordelais s’affirme, sur et en dehors de la piste. Après avoir eu des mots forts le samedi soir, lors d’une réunion d’équipe organisée après les deux premiers jours des championnats d’Europe par équipes, le sprinter de 25 ans a joint le geste à la parole dimanche, en survolant le 200 m en 20’’29 (-1.3). La confirmation d’un sacré cap de passé.

Quelle est votre place aujourd’hui en équipe de France ?

Je fais partie des cadres. A 25 ans, je suis un ancien. J’ai dû montrer l’exemple. Lors de la réunion d’équipe (qui a eu lieu le samedi soir pour remotiver les troupes ; NDLR), j’ai pris la parole pour défendre les athlètes qui avaient fait des contre-performances. Et j’ai répondu le dimanche sur la piste. Cette réunion a été un échange, avec l’objectif de créer de la cohésion. Le but était de nous ressouder et de nous remotiver. A la fin du discours, on s’est mis tous côte à côte, en mélangeant les disciplines, et on a chanté La Marseillaise.

Vous avez célébré votre victoire le lendemain en levant un bras vers le ciel avant la ligne d’arrivée…

J’étais obligé ! C’était pour prouver que l’équipe de France était là. J’étais au couloir 7, avec Filippo Tortu derrière moi. C’est un taulier lui aussi. Je m’étais dit que personne ne devait passer devant moi. Je courais avec la nation, mon coach et mes amis derrière moi. Et encore, je n’ai pas réalisé la performance que j’espérais. Je vais retourner au travail.

Comment jugez-vous votre course ?

J’ai pris un bon départ, mais j’ai vu que l’athlète au couloir 8 était toujours à côté de moi. Je me suis dit : ‘’pourquoi ?’’ Du coup, j’en ai remis une couche en sortie de virage. J’étais premier et j’ai eu en tête qu’il fallait que je reste uni, contrairement à l’édition 2021 où j’avais réalisé un gros départ avant d’exploser aux 120 mètres. Ca m’a servi de leçon et, deux ans plus tard, je gagne.

On a l’impression que vous avez franchi un palier cette saison…

J’ai passé un cap. Je suis désormais entraîné par Mickael Hanany aux Etats-Unis. C’est un coach qui a vraiment confiance en moi et en ses athlètes. Mike est à l’écoute, on échange beaucoup sur l’athlé et aussi sur ma vie personnelle. Je lui dois beaucoup. Il m’a fait travailler sur un profil 200 m-400 m. Au final, je m’aligne sur 100 m et 200 m, mais il y aura peut-être une surprise (rires).

Votre entraîneur vit aux Etats-Unis. Comment fonctionnez-vous quand vous êtes en France ?

Il m’envoie les séances et j’en fais 90 % tout seul, sur des petits stades clandestins (sic). Pour la musculation, je vais dans des salles Basic Fitness. Je suis basé aux Baconnets (Hauts-de-Seine) chez Mickael, mais je bouge souvent chez mes parents, chez mon frère, et en compétition. Le reste du temps, je vais à Franconville avec l’ensemble du groupe, mais j’en ai pour deux heures de trajet.

Quelle est votre marge de progression ?

Quand je suis arrivé dans le groupe, Mike m’a dit que j’allais courir en 20’’30 lors de mes premières sorties.  Il m’indique maintenant que je dois courir en 20’’1. S’il le dit, c’est que je dois le faire. Mais mon principal objectif, c’est de faire 19 secondes (descendre sous les 20’’00 ; NDLR). Si j’y arrive, je peux arrêter l’athlétisme (rires). Plus sérieusement, avec une telle performance, je serais en mesure de briguer une place en individuel aux Jeux olympiques, et peut-être une finale.

Vous revendiquiez en début d’entretien votre rôle de cadre. Depuis quand vous sentez-vous dans cette position ?

Le coach du 4x100 m, Richard Cursaz, me considère comme un des leaders. Il me présente comme le vice-capitaine du relais. Franchement, ça m’a choqué. Quand des jeunes arrivent, je les considère comme mes petits frères. C’est vrai qu’actuellement, je suis un des sprinters français les plus réguliers. J’ai participé à tous les regroupements. Mais j’ai envie de prouver aujourd’hui que je ne suis pas qu’un simple relayeur.

La rédaction