En ce vendredi de fête nationale, La Ligue Auvergne Rhône Alpes fut la première à tirer son feu d’artifice, lors de la coupe de France minimes à Albi : victoire au classement général mixte, mais aussi chez les garçons et les filles. Derrière, l’Ile-de-France ramasse l’argent sur le fil, tandis que l’Occitanie, 3e à domicile, s’est offert deux magnifiques records de France.

La coupe de France des ligues minimes, c’est une sorte de moment suspendu : la dernière compétition de la saison pour la quasi-totalité des meilleurs minimes du pays, et la porte ouverte sur des vacances bien méritées, au bout d’un été entre compét’ (d’athlé) et révisions (pour le brevet). A l’heure de représenter sa région, toutefois, pas question de prendre de l’avance sur le farniente. Alors, imaginez une sorte d’Interclubs géants, deux athlètes par ligue et par épreuve, des points marqués à la place – et donc à la bagarre, des relais pour finir, le tout interdit aux plus de quinze ans : vous voyez l’ambiance ?

Encore un record de France pour Abraham

La journée, d’ailleurs, commençait sur les chapeaux de roue. Sur 2000 m, Aloïs Abraham (Occitanie), déjà recordman de France du 1000 m (en 2’27’’83) depuis cette saison, s’attaquait - c’était prévu - au record de France sur la distance supérieure. Le jeune homme s’enfuyait d’emblée, ses longues foulées aériennes dévorant la piste, accélérait encore sur le deuxième 1000 (2’43 contre 2’47 pour le premier) pour retrancher, en 5’30’’66, cinq secondes à la précédente marque (5’35’’29 par Yanis Morrissey en 2021). Derrière, Martin Nedellec (Ile-de-France), pris dans le trafic au départ, avait un temps espéré le rejoindre avant de s’incliner, malgré une perf également de haut vol (5’40’’79). « Je n’avais pas officiellement le record même si je l’avais battu de deux dixièmes en début de saison, soufflait Abraham sous l’œil d’Alexis, l’ancien international, son entraîneur et père. Du coup je suis vraiment très content, d’autant que c’était ma dernière course. Je pensais que j’étais capable de faire 5’30, mais j’ai eu peur de m’endormir un peu. »

Il faut dire que la chaleur, 36°C sur la piste rouge et bleu du stadium municipal d’Albi, avait de quoi assommer un contingent d’athlètes surmotivés. Qu’importe : les négociations étaient lancées. Au premier classement intermédiaire, l’Auvergne Rhône Alpes (AURA) pointait en tête devant l’Occitanie, et la petite (en nombre) délégation du Pacifique - Polynésie. Portée par les victoires de Charlotte Saurin (1,74 m en hauteur) ou de Clément Hippolyte (14,36 m au triple), l'AURA allait, on le comprenait vite, mener grand train tout au long de la journée.

Mourié efface Bizasene

Mais les Occitans, à domicile, entendaient bien marquer leur territoire. Pour ce faire, ils tenaient dans leurs rangs le tout récent vainqueur des Pointes d’or, Rémi Mourié. Aligné à la longueur, le Tarnais espérait bien passer la ligne des 7 m en bonne et due forme. Il allait faire mieux : au 3e essai d’un concours régulier à la lisière des 7 m, il brouillait le sable à 7,21 m (+0.0). Nouveau record de France (contre les 7,19 m d’Ylann Bizasene en 2021), gros moment de joie collective. « J’étais venu ici pour tout casser, et finalement… je l’ai fait, chuchotait Rémi en avalant son plateau repas, presque surpris de sa marque. En début de saison, je voulais m’approcher le plus possible de ce record et là… C’est magique. » Au point de voir l’Occitanie repasser en tête au classement général devant l'AURA, alors que les Hauts-de-France venaient se glisser sur la 3e marche du podium.

La moisson de l'AURA

Attention toutefois : sans le moindre brin de vent pour venir perturber nos minimes, les perfs tombaient, laissant imaginer que de nouvelles Bastilles étaient prenables, en ce 14 juillet. Travis Collet (Bretagne) n’en était pas loin, déçu, terriblement déçu au bout de son 100 m haies alors qu’il venait de l’emporter en 12’’80 (devant Rémi Mourié, 12’’91 !), et de descendre sous l’ancien record de France de Ladji Doucouré (12’’85). Un record battu… la semaine dernière seulement par Lucas Domergue (12’’70). L'AURA, elle, faisait sa révolution, et repassait en tête dans la dernière ligne droite de la journée pour s’offrir la coupe tant convoitée (352 pts). Derrière ? C’est l’Ile-de-France, revenue du Diable Vauvert (340 pts au final malgré une 9e place à mi-parcours) qui se coiffait d’argent, portée par les premières places d’Alexandre Valéry (25’’21 sur 200 m haies), d’Alix Louvard (53,76 m au marteau) ou de son relais 4x60 m féminin (28’’97). Et coiffait aussi, sur la ligne, l’Occitanie (318,5 pts), médaille de bronze. Si l’on veut entrer dans le détail, on notera que l'AURA rafle tout, mais alors vraiment tout : le classement général mixte, donc, mais aussi ceux des filles et des garçons. Avec, cerise sur le gâteau, la victoire dans le trophée qui cumule Coupes de France estivale et hivernale (celle du cross). Le chemin retour vers les chaînes montagneuses s’annonçait festif…

Le 12x200 m des ligues, sans compter pour le classement, pouvait clore la journée dans un parfum de douce folie et de folklore, juste avant des podiums tout aussi animés et délirants. Prenez l’ambiance d’un 4x400 m aux Interclubs, multipliez-la par celle d’une colonie de vacances, et vous aurez une idée de la chose...

Bientôt, dans deux semaines, les France Elite prendront leurs quartiers d’été sur cette même piste albigeoise. Que les meilleurs seniors prennent garde : ils devraient d’ici quelques saisons à peine voir débouler les jeunes morts de faim qui les ont précédés, ce 14 juillet, sur le tartan tarnais. 

A Albi, Cyril Pocréaux pour athle.fr

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