Champion d’Europe U23, vice-champion de France Elite, demi-finaliste aux Mondiaux de Budapest en égalant son record d’alors, premier podium en Diamond League à Bruxelles vendredi dernier en descendant pour la première fois sous les 1’44’’ (1’43’’94). Yanis Meziane a vécu une saison de rêve ou presque sur 800 m, avec pour récompense une participation à la finale de la Diamond League à Eugene (Etats-Unis), ce dimanche. Retour, avec le demi-fondeur d’Athlé 91 entraîné par Boris Le Helloco, sur son irrésistible ascension.

Yanis, comment auriez-vous réagi si l’on vous avait dit, au mois d’avril, que vous seriez qualifié début septembre pour la finale de la Diamond League ?

Je n’y aurais pas forcément cru. Ça n’était clairement pas du tout l’objectif. Entrer dans les meetings Diamond League n’est pas donné à tout le monde et le niveau est très élevé. Je ne l’avais d’ailleurs pas encore quand la saison a débuté. Mais j’ai réussi à saisir ma chance lors des meetings de Paris et Stockholm. J’ai à chaque fois fait de bons chronos, ce qui m’a permis d’enchaîner les courses jusqu’à Bruxelles, et j’ai eu le nombre de points nécessaires pour me qualifier en finale.

Dans quel état d’esprit allez-vous aborder cette dernière course de la saison ?

Même si le niveau est le même que sur des Mondiaux, la pression est beaucoup moins forte. L’objectif va être de prendre beaucoup de plaisir, tout en ayant en tête que j’ai la possibilité de refaire quelque chose de très bien. Et pourquoi ne pas gagner la course ? J’ai envie de montrer que mes derniers chronos ne viennent pas de nulle part.

Vous arrivez à être encore très performant en ce mois de septembre, après avoir brillé dès le mois de juin. Quelle a été la clé ?

Avec mon coach, on a su gérer les différents pics de forme de la saison. L’objectif de base, c’étaient les championnats d’Europe espoirs (mi-juillet à Espoo). J’aurais pu être cramé mentalement après mon titre, mais savoir que j’allais à Monaco puis que j’étais qualifié pour Budapest m’a apporté de nouvelles motivations tout au long de la saison. Par ailleurs, au niveau des séances, je fais plus du qualitatif que de la quantité, donc je suis peut-être moins disposé à être fatigué sur le long terme. Je ne m’entraîne pas énormément par rapport à d’autres, sept-huit fois par semaine. Je ne double presque jamais. J’ai d’ailleurs encore sans doute de la marge de progression par rapport à ça. Pendant la saison, il y a eu de gros cycles de travail. Mais lorsqu’il a fallu enchaîner les courses, on a fait le choix de se préserver, en faisant juste tourner la machine entre les 800 m.

Parmi toutes vos belles performances de l’été, laquelle vous rend le plus fier ?

Je devrais dire logiquement la médaille d’or aux championnats d’Europe espoirs. Mais même si, entre guillemets, c’est un échec, avoir été demi-finaliste aux Mondiaux en me classant dixième m’a plus boosté et donné confiance, par rapport à ce dont j’étais capable au niveau mondial. Ça a montré que je pouvais maintenant rivaliser avec les meilleurs. J’ai passé le cap du passage chez les seniors. Je pouvais me sentir encore un peu nouveau dans ce monde-là en début de saison. Maintenant, je sais que je peux courir en prenant mes responsabilités, comme je l’ai fait à Bruxelles. En course, je change de mentalité. Je deviens un battant et j’ai confiance en ce que je fais.

Avoir cassé la barrière des 1’44’’, qu’est-ce que ça représente pour vous ?

Je n’avais pas cassé celle des 1’45’’ avant cette année, donc j’étais déjà super content de ça. Le deuxième objectif était de réaliser les minima pour les Mondiaux et les J.O., ce que j’ai fait. Moins de 1’44’’, c’est encore un cran au-dessus. Et pourtant, je sais que je peux peut-être aller encore un peu plus vite, en gérant mieux ma course.

Comment voyez-vous la saison 2024 ?

Je ne me mets pas trop de pression par rapport aux Jeux olympiques, même si c’est bien sûr un objectif. Il ne faut pas non plus oublier les championnats d’Europe de Rome, qui seront une étape importante. Sur le plan scolaire, avec les aménagements que j’ai obtenus de la part de Polytech Sorbonne (une école d’ingénieurs où il a pris la spécialité agroalimentaire), 2024 sera un peu plus ‘’light’’ que 2023. Mais c’est important pour moi de garder ma petite vie d’étudiant à côté de l’athlé et d’avoir cet équilibre.

Propos recueillis par Florian Gaudin-Winer pour athle.fr