Rencontre avec Noé Champion, 15 ans et licencié au CS Bourgoin-Jallieu/ AS Villefontaine. Jeune juge à temps plein en 2023, à la suite d’une blessure, il assume ses responsabilités de starter avec maturité.

Il est droit comme un « i », sérieux comme un pape, clair dans ses propos, du haut de ses 15 ans. On ne sait pas pourquoi, mais quelque chose nous dit que Noé Champion fera un excellent officiel. Noé vient de Villefontaine, en Isère. Dès 2021 - il avait alors 13 ans - il s’est lancé dans l’aventure. « Le club me l’a proposé, et pourquoi pas essayer ? Être juge, ça me permet de voir les compétitions des plus grands, ou alors les copains du club, raconte le garçon. Et ça rapporte des points au club, en plus, alors… » Noé se partage habituellement entre hauteur et marche, qui reste sa priorité. Mais une pratique « trop intensive de la marche » lui a permis de prendre plus de temps pour développer ses qualités d’officiel, en cette année 2023. « J’ai été blessé toute la saison, du coup j’avais du temps. Toutes mes compétitions de l’année, ça comme juge. » Sur les courses, et en particulier au départ, en général.

Moins de stress, plus de responsabilités

La vie d’athlète ne lui manque pas trop ? Peut-on, d’ailleurs, comparer les deux ? « C’est une autre vision de l’athlé. Comme juge, on voit l’envers du décor, et ça apporte aussi de l’expérience. Il y a moins de stress que quand on court ou saute, mais plus de responsabilités, aussi. Quand on est athlète, on se laisse porter par la compétition. On vient, on fait notre perf, et puis voilà. Comme juge, il faut recenser les athlètes, transmettre les résultats, gérer le chrono… Les journées sont vraiment plus chargées, de la première à la dernière course, sans pause. »

Du respect de la part des athlètes

Il faut, aussi, explorer le lien particulier entre officiel et athlète. Surtout quand ce dernier n’a que 15 ans, souvent plus jeune que ceux qu’il encadre. « En fait, il y a une bonne ambiance dans l’athlé en général, et je trouve que les athlètes font vraiment une séparation : le juge, qu’il soit jeune ou pas, ils le voient comme un officiel. Si je suis là, c’est que je connais les règles, ils le savent. Bon : un jour je me suis senti un peu honteux, même si je n’y pouvais rien : trois fois de suite, la balle n’est pas partie, au départ, et j’ai dû faire se relever les coureurs. Quand il n’y a pas un bruit dans le stade et que tout le monde vous regarde… Mais il y a vraiment du respect, je trouve : on ne me considère pas comme un jeune, mais comme un juge à part entière. »

Au point de vouloir faire carrière dans cette voie ? Car, les années passant, il faudra peut-être choisir, un jour : marcher, sauter ou juger ? « Est-ce que j’ai une préférence ? C’est différent. Ça fait longtemps que je n’ai pas été athlète, alors… Je n’ai pas le projet de faire une carrière comme juge, mais si je peux continuer les deux, pourquoi pas. »

La rédaction