Vainqueurs de la course de sélection à Gujan-Mestras il y a quinze jours, Alexis Miellet et Sarah Madeleine abordent le relais mixte des championnats d’Europe de cross de Bruxelles, ce dimanche, avec un appétit décuplé. Le Dijonnais et la Francilienne ont accepté de se livrer à l’exercice d’un entretien croisé pour athle.fr, à quatre jours de l’échéance dans la capitale belge.

Athle.fr : Comment avez-vous préparé ces championnats d’Europe ?

Alexis Miellet : Comme les années précédentes, j’ai fait une préparation foncière axée sur le long, d’autant plus que cette année, je pensais davantage jouer la qualification sur le cross long. J’avais d’ailleurs terminé deuxième Français du cross d’Allonnes, pas loin derrière Yann Schrub, une semaine avant le cross de sélection. Après, on ne savait pas comment allaient être les conditions à Carhaix, et comme je ne prends pas trop de plaisir dans les cross très boueux, au vu de ce qu’on avait eu aux championnats de France en mars, j’ai joué la sécurité. J’ai donc fait le choix d’aller à Gujan pour le cross de sélection sur le relais mixte. Depuis, je n’ai fait quasi que du long, hormis une séance de rappel d’allures ce mercredi, comme avant le cross de sélection. Comme je suis un coureur de 1500 m à  la base, quand je vais bien sur le long, il n’y a pas de problème pour rebasculer sur le court.

Sarah Madeleine : Au départ, il n’était pas prévu que j’aille sur le cross de sélection sur le long. Avec mon coach, on a remarqué que j’étais plutôt en forme lors d’un stage quelques semaines auparavant à Font-Romeu. On a alors convenu que j’aille à Allonnes, avec pour objectif de terminer dans les cinq premières. Pendant la course, les sensations faisaient que je sentais que j’allais gagner. On a donc conclu que j’étais plus en forme que prévu, car j’avais repris l’entraînement assez tard. Mais nous sommes restés sur le plan initial, et j’ai également remporté la course de sélection. Mon choix a été rapide, parce que le relais, c’est vraiment ce que je préfère. En soi, je n’ai optimisé ni le cross long ni le relais. On est encore trop loin des objectifs de l’été pour avoir fait des séances spécifiques. D’ailleurs, c’est la même prépa foncière que si j’avais fait de la route cet hiver. Depuis Gujan, j’ai fait deux séances plus courtes. Il faut quand même préparer une échéance comme des championnats d’Europe, d’autant que le parcours sera encore plus court : 1500 m à Bruxelles contre 2400 m à Gujan.

Quelles différences faites-vous entre un 1500 m en cross et sur piste ?

Sarah Madeleine : Même si les allures sont plus ou moins les mêmes, il y a énormément de différences : pour la gestion de l’effort, il n’y a pas de chrono en cross. On se base juste sur soi et sur ses adversaires. Les appuis sont également très différents. Quelqu’un qui est très fort sur piste peut être très gêné par la boue. Moi, clairement, ce n’est pas mon truc. J’aimerais bien qu’il fasse beau et que le terrain soit sec, mais ce n’est pas trop ce qui est annoncé, donc on a préparé à l’entraînement, avec mon coach, des conditions boueuses.

Alexis Miellet : Le repérage du parcours le samedi sera crucial, surtout que c’est un exercice qu’on n’a pas l’habitude de faire, parce qu’un 1500 m en cross, on pourrait avoir l’impression que c’est un sprint. Or, c’est un effort qui va durer entre 4 minutes et 4 minutes 30 pour les femmes. Je pense qu’il est important de le découper en trois parties de 500 m. Il faut donc avoir des repères clairs pour la course.

Alexis, à titre individuel, vous avez déjà terminé trois fois deuxième du relais mixte aux championnats d’Europe (Tilburg 2018, Lisbonne 2019, Dublin 2021). Un nouveau podium vous satisferait-il ?

Alexis Miellet : Il faut savoir se satisfaire d’un podium, mais à force, j’aimerais bien gagner une fois. Il y a deux ans, j’avais dit que je voulais l’or sur le relais avant de passer sur le cross long, donc j’espère que ce sera pour cette année.

Sarah Madeleine : Honnêtement, ce qu’on veut, c’est ce qui n’a encore jamais été fait : la médaille d’or. Mais ça ne sera pas facile, il y aura beaucoup d’équipes très fortes sur la ligne de départ. En tout cas, sur le papier, on a tout pour faire de belles choses.

Alexis Miellet : J’ai regardé les compositions des autres équipes, on aura nos chances, même si ça devrait être assez serré. Avant, il n’y avait que trois équipes, désormais il y en a six qui sont médaillables. Le relais mixte se densifie d’année en année, c’est une course intéressante à regarder et à courir, les coureurs de 1500 m s’y plaisent de plus en plus. L’Espagne, le Royaume-Uni et l’Italie sont toujours dans le jeu pour le podium, et les Belges à domicile auront leur mot à dire. Et comme c’est un pays de fans de cyclo-cross, l’ambiance devrait être sympa !

Votre histoire avec les championnats d’Europe de cross est assez opposée : Alexis est un grand habitué, Sarah y a fêté sa toute première sélection en seniors l’an passé à Turin…

Sarah Madeleine : A Turin, j’ai découvert que je n’aimais pas les cross, vraiment. J’ai très mal vécu cette course. Je crois que je n’étais pas assez préparée à une course aussi longue, de 8 km sur un tracé boueux, avec des côtes, contre 5,5 km tout plat à Gujan-Mestras quinze jours plutôt pour la sélection. Mais pour le reste, ça a été un bain d’expérience incroyable. Ça m’a donné envie de revivre une compétition sous ce maillot bleu. J’ai aussi pris en assurance, depuis. Je vois de mieux en mieux ce dont je suis capable, et je me fixe moins de limites. Je suis comme décomplexée, et ça permet de progresser plus facilement.

Alexis Miellet : A part l’an passé, où j’étais blessé de novembre à janvier, j’ai couru tous les championnats d’Europe de cross depuis 2013. C’est un rendez-vous important de ma saison hivernale, ça me tient à cœur d’y être.

La rédaction

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