Yann Schrub : « Il faut rester humble » | ||||
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Tout frais champion d’Europe de cross, Yann Schrub avait le sourire jusqu’aux oreilles mais la voix un peu éraillée au moment de se présenter face aux micros des journalistes, dimanche à Bruxelles. L’apprenti-médecin s’est prêté au jeu des questions avec toute la franchise et le recul qui le caractérisent, revenant sur sa course, sa trajectoire depuis un an et demi, et sur les enjeux qui s’ouvrent à lui. Yann, vous étiez cité parmi les trois ou quatre favoris de la course, et c’est vous qui avez sorti les marrons du feu… Ce n’était pas gagné d’avance. Je partais vraiment dans l’inconnu sur ce parcours, je ne savais pas ce que je valais, parce qu’il y avait longtemps que je n’avais pas couru sur un terrain aussi gras. De plus, avec mes coaches, on avait réalisé les dernières séances sans repères chronométriques. Quand tu ne sais pas si tu es en 2’50’’ ou en 3’10’’ au kilomètre, c’est difficile de se projeter. Cela dit, j’avais quand même de bons indices avec mon stage à Font-Romeu. Anthony (Notebaert) et Dominique (Kraemer), mes deux entraîneurs, sont très importants pour moi, ils ont effectué un travail millimétré. Au final, le plan s’est déroulé sans accroc… Avec autant de boue, tu ne peux pas bluffer si tu es un peu moins bien, comme sur la piste ou la route. Au départ, je n’avais pas tellement confiance en moi, ce n’était pas une stratégie de laisser Bastien (Augusto) mener. Je m’étais fait un scénario où on allait se battre à huit dans les 500 derniers mètres, et ça s’est décanté dès le début. J’étais surpris de ne pas voir Kimeli, Crippa, Hugo (Hay) et Fabien (Palcau). Je regardais derrière en me demandant pourquoi tout le monde n’était pas là. Vous n’avez pourtant jamais quitté les premières places… Quand Bastien (Augusto) a ralenti, je me suis dit qu’il voulait juste en garder sous le pied, parce qu’on avait déjà creusé un trou. J’ai vraiment hésité à faire comme lui. Je voulais vraiment en avoir encore un peu en réserve, au cas où ça revienne de l’arrière. Dans la dernière côte, j’ai accéléré un chouya, parce que je voyais que Milner était à la rupture, et c’est là qu’il a pété. Quand on se retrouve en haut de la côte, qu’on sait que la partie boueuse est finie, qu’on a cinquante mètres d’avance et que tous vos proches vous attendent pas loin, ce n’est que du bonheur. Comme à Budapest, Munich, et partout, je vais maintenant profiter avec tout mon public. Près de 50 personnes sont venus de Sarreguemines pour me soutenir, dont mon frère qui a fait le déplacement malgré une gastro. Le forfait de Jakob Ingebrigtsen, ça a changé… (il coupe) Tout ! Ce n’est pas être défaitiste que de dire que quand il est là, ce n’est pas la même chose, parce qu’il est très fort. Quand on a su qu’il serait absent, on est une dizaine à ne pas avoir dormi cette nuit-là. On s’est tous dit : « c’est possible ». Sauf que ça rajoute du stress. Dans ta tête, instinctivement, tu te fais des plans de course. Et là, sans Jakob, tu n’as plus de certitude, tout le monde est à peu près au même niveau. Tu en arrives à cogiter : « et si ça ? et si cela ? » Pareil, au début de la course, tu te retrouves à être parmi les rares concurrents présentés par le speaker, et tu comprends que tu es vraiment considéré comme un favori. Vous voilà le premier Français champion d’Europe chez les seniors masculins… Je ne savais pas. J’en suis d’autant plus fier. Ce titre, c’était inespéré. Bon, je l’avais dans un coin de ma tête, mais pas à ce point-là. Je suis vraiment content de voir que la forme est là au bon moment. Je suis monté crescendo, et mes choix de cette année ont payé. Depuis l’été dernier, vous avez obtenu un aménagement de votre cursus en internat de médecine, afin de pouvoir consacrer plus de temps à l’entraînement. Qu’est-ce que cela vous a apporté ? Enormément de choses ! Rien que sur les deux derniers mois, on est partis s’entraîner à Font-Romeu pendant trois semaines, c’était la première fois que j’allais en altitude, et à Vittel une semaine. En élargissant à l’année écoulée, il y a eu aussi l’Afrique du Sud et le Portugal. En faisant du biquotidien, j’ai battu largement mon record de kilométrage en une semaine il y a un mois. Je suis passé de 90 à 130 kilomètres en moyenne. Ça a payé à Bruxelles, et j’espère que ça paiera encore dans les prochains mois. Depuis Munich en août 2022, vous êtes inarrêtable… Non, l’athlé est un sport où il faut rester humble. On peut être bien un jour, craquer un autre jour, les blessures peuvent flinguer une saison, il peut se passer plein de choses. La course de dimanche l’a encore prouvé. Regardez Myrhe (médaillé d’argent) ou Hendricks (médaillé de bronze), je les connaissais, mais je ne les attendais pas sur le podium, au vu des autres concurrents. De la même manière, je pense qu’à Munich, certains se sont demandé qui était ce mec sur la troisième marche du podium… Il ne faut dénigrer aucun coureur. Après votre médaille de bronze à Munich, puis votre neuvième place aux Mondiaux de Budapest l’été dernier, vous êtes quand même sur une dynamique positive… Ce n’est pas parce que j’ai gagné dimanche que je vais gagner les Europe sur 10 000 m à Rome et les Jeux olympiques à Paris. L’athlé, c’est l’humilité. Si je ne fais pas attention à mes fesses, je peux vite dégringoler. J’essaie de me protéger au maximum, parce que je sais que je n’ai pas encore les épaules pour encaisser toute l’attention médiatique, même si cela me fait du bien au moral d’être médiatisé. Je suis très bien entouré, et je pense que je vais réussir à me projeter dans la suite de la saison. Justement, la suite, comment la voyez-vous ? Il y aura un 3000 m en salle à Metz, où j’aurai plein de copains dans les tribunes. Puis le 10 km de Valence, un 5000 m un peu plus tard, puis les championnats d’Europe à Rome... Je n’aime pas rester trop longtemps à m’entraîner sans avoir un objectif fixé. Mais avant cela, mes coaches m’ont donné deux ou trois jours de repos, donc je vais bien arroser ça : dimanche soir, lundi soir, et peut-être encore mardi soir… Et ensuite, on repartira sérieusement au travail, parce que cette année, ce qu’on prépare surtout, ce ne sont pas les Europe de cross mais les Jeux olympiques ! Propos recueillis par Etienne Nappey pour athle.fr |
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