Elle semble toute timide, Kailei, du haut de ses quinze ans (elle est née en 2008), licenciée au Tahiti Sports Central. Mais ne vous y fiez pas, car la fonction lui donnera sans doute l’occasion de hausser le ton. A l’été 2023, avec toute la délégation jeunes de Polynésie française, elle est venue faire en métropole la tournée des grands ducs : Pointes d’Or à Toulon, Coupe de France minimes à Albi, championnats de France cadets-juniors à Châteauroux. Pourtant, elle n’a pas enfilé les pointes : Kailei est jeune
juge, et a profité de l’escapade pour passer ses diplômes nationaux. « C’est ma coach qui m’a poussée à être officiel, souffle-t-elle : je n’ai jamais trop aimé les compétitions : ça me stresse. Là, c’est beaucoup moins le cas. » Ce qui ne l’empêche pas de continuer à s’entraîner avec un penchant pour le javelot, mais aussi les courses et la hauteur. Côté officiel, où elle juge les sauts, tout se passe bien. Elle s’est lancée en mars 2023. « Je me demandais comment ça serait, mais tout se déroule au mieux depuis les examens et les compétitions de niveau départemental. Et ce qui est bien, c’est que je peux suivre et voir mes amis eux aussi athlètes, mais qui prennent part aux compétitions. Et pour faire ce genre de déplacements, je sais que j’ai beaucoup plus de chances comme juge qu’en lançant le javelot. » Tout n’est pas simple, pourtant, en la matière.
« Il y a un peu un stress, aussi, la peur de mal faire les choses. Parfois, des adultes me grondent, en estimant que je me suis trompée… Mais ce n’est vraiment arrivé qu’une seule fois. Heureusement, à Tahiti, les gens ne sont pas dans la prise de tête. Et comme on manque de juges, on est amené à exercer sur toutes les spécialités. » A force d’humer le parfum des (grandes) compétitions jeunes, l’envie la titille, d’ailleurs. « Je reprendrai sérieusement l’entraînement la saison prochaine. Et je pense que j’essaierai de me qualifier en tant qu’athlète, cette fois, au javelot. » Plus tard, elle envisage de voler plus loin encore que son engin : Kailei voudrait être hôtesse de l’air. Pour mettre les gens en place, elle aura déjà quelques longueurs d’avance.
Cyril Pocréaux pour athle.fr
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