Seize athlètes français, accompagnés de membres du staff fédéral et pour certains de leurs entraîneurs, se sont retrouvés pendant quatre jours au Val Claret, village de la célèbre station alpine. Une respiration bienvenue à 2300 mètres d’altitude, propice aux échanges et au partage d’informations avec un sujet au cœur des discussions : les Jeux olympiques de Paris.

Il y a ceux qui, comme Thibaut Collet ou Benjamin Robert, sortent à peine des Mondiaux de Glasgow et prennent le temps de souffler. D’autres, comme Rénelle Lamote, Wilfried Happio ou Quentin Bigot, qui n’ont pas épinglé de dossard à leur maillot cet hiver et enchaînent les séances de travail technique et de musculation avec l’envie d’en découdre bientôt. D’autres, encore, comme Renaud Lavillenie, qui reviennent de loin, plus précisément d’une blessure et d’une opération aux ischio-jambiers, et qui profitent de la ligne droite en tartan du Tignespace pour retrouver des belles sensations de course. On peut même en croiser en action sur une route au cœur de la station, comme l’heptathlète Auriana Lazraq-Khlass en pleine séance de côtes entourée par les montagnes. Sacré contraste avec les nombreux touristes étrangers aux pas lourds dans la neige, chaussures de ski aux pieds.

Le rythme d’une vie d’athlète de haut niveau est souvent effréné. Mais à Tignes, même avec des matinées réservées aux entraînements et des après-midis au planning chargé, il est possible de prendre le temps de souffler et surtout d’échanger. C’est tout le sens de ce rassemblement, organisé pour la deuxième année consécutive par la cellule haute performance de la Fédération Française d’Athlétisme et proposé aux meilleurs Français sur le chemin des Jeux de Paris. Seize* d’entre eux ont emprunté les lacets menant jusqu’à la station alpine et ont été accueillis lundi par la légende du handball Jackson Richardson.

Les enseignements de Paris 2003

Un premier échange d’expérience, suivi mardi soir d’une réunion axée sur le vécu des historiques Mondiaux de Paris 2003, avec en grands témoins Mehdi Baala, Mélina Robert-Michon et Pierre-Charles Peuf. Ce dernier, manager Avenir à la direction technique nationale et ancien perchiste, avait quitté la compétition sur un meilleur saut à 5,20 m, loin de son meilleur niveau. Auriana Lazraq-Khlass a bu ses paroles. « J’avais vu le film de la Fédération consacré à cette compétition (Paris 2003 - Le Rêve Bleu, NDLR) et ça m’avait énormément impressionnée. J’ai aimé entendre l’expérience de Pierre-Charles et j’ai beaucoup appris. Quand on réussit, tout est facile et rose. Alors que ceux qui ont connu un échec peuvent te dire pourquoi, comment, ce qu’ils regrettent et ce qu’ils auraient changé. »

Paris 2024 est bien sûr dans toutes les têtes, et le récit d’une expérience de grand championnat à domicile, avec ce que le soutien du public peut apporter mais aussi les pièges à éviter, se révèle riche en enseignements. Les J.O., il en fut de nouveau question mercredi pendant une bonne partie de l’après-midi, avec comme thématique les relations avec les médias. Des journalistes de France Télévisions, de l’Agence France Presse et du quotidien Libération sur l’estrade, les athlètes à quelques mètres, et un dialogue où il fut notamment question des audiences télé des Jeux, de Nelson Monfort et de la gestion des réseaux sociaux.

Les astuces de Lavillenie

L’occasion, pour Renaud Lavillenie, de revenir sur son interminable parcours médiatique dans la foulée de sa médaille d’or aux Jeux de Londres en 2012. « Plus tu avances, plus tu es le plus vieux, rigole l’ex-recordman du monde. Et au-delà de l’âge, il y a toujours des petites astuces à partager, des choses dont tu ne peux pas te rendre compte tant que tu ne les as pas vécues. Avec l’échéance qui arrive, c’est très bienveillant de la part de la Fédération de mettre plein d’infos à notre disposition suffisamment en amont pour bien anticiper les choses et se préparer. »

Et puis, au-delà des réunions programmées, il y a les nombreuses discussions entre athlètes et encadrement tout au long de la journée, parfois même en soirée. Comme mardi, où tout le monde s’est retrouvé dans un pub irlandais. « On est allés boire un verre, toutes épreuves mélangées et avec le staff, raconte Rénelle Lamote. C’est important pour le collectif de savoir passer des bons moments en dehors du sport et c’est super agréable d’être avec l’équipe dans un contexte moins tendu qu’en compétition. » Les pieds à Tignes, mais déjà la tête un peu à Paris.

La rédaction

*Quentin Bigot, Thibaut Collet, Alice Finot, Wilfried Happio, Renaud Lavillenie, Pascal Martinot-Lagarde, Alexandra Tavernier, Hassan Chahdi, Ethan Cormont, Azeddine Habz, Rénelle Lamote, Auriana Lazraq-Khlass, Yanis Meziane, Benjamin Robert, Mélina Robert-Michon, Hilary Kpatcha.