Trois nouvelles places de finalistes (Louise Boulent 5e et Jade El Haouzy 8e à la perche, Thomas Martinez 8e au triple saut) sont venues s’ajouter au bilan provisoire de l’équipe de France U20 aux Mondiaux de Lima, dans une journée où un record de France a aussi été battu : Fleur Templier s’est approprié celui du 3000 m, l’un des plus vieux de l’Hexagone puisqu’il tenait depuis… 1986 !

Le Temps Fort

Louise Boulent et Jade El Haouzy à deux dans le top 8

Si le lama est l’animal emblématique du Pérou, le vent, lui, s’est attelé à rendre chèvres les perchistes engagées en finale la soirée passée à Lima. « Un temps frais en début de concours, devenu froid à la fin, et un vent qui soufflait de dos au début avant de passer de travers vers le milieu de concours », brosse en guise de bulletin météo Pierre Friteyre, responsable des équipes de France U20. C’est dans ces conditions délicates que Louise Boulent (EA Mondeville Hérouville) et Jade El Haouzi (AC Paris Joinville) ont tenté de tirer leur épingle du jeu, « en se battant avec leurs armes du jour », souligne le responsable national, alors que seule l’Américaine Molly Haywood a réussi à maitriser les éléments avec une victoire haut la main grâce à un saut à 4,47 m. Avec son record à 4,35 m, Louise pouvait ainsi théoriquement jouer le podium. Sauf que depuis le meeting du Bourget en juin où elle avait établi cette nouvelle marque de référence, il y a eu un souci au quadriceps ces dernières semaines. Les 4,05 m franchis à sa deuxième tentative étaient un premier avertissement. Elle ne validerait pas d’autre barre, butant ensuite à trois reprises à 4,15 m, dans le paquet des cinq concurrentes stoppées à cette hauteur, pour finalement se classer cinquième du concours.

Parmi elles, une autre Française, Jade El Haouzy. Déjà en vue en qualifications (4,10 m, record personnel égalé), la protégée de Gérald Baudouin s’est battue pour franchir 4,05 m à son dernier essai. Puis, quand elle a buté à deux reprises à 4,15 m (dont une de peu) et n’avait donc plus à rien à espérer à cette hauteur, a joué son va-tout en gardant sa dernière tentative pour 4,20 m. Réussi, ce nouveau record personnel l’aurait propulsé sur le podium… Encore eut-il fallu pouvoir le tenter, le vent de travers l’empêchant de se lancer tandis que chronomètre tournait. Pas de médaille donc pour les Françaises, mais deux places de finaliste, avec une huitième place pour la Francilienne… et un concours ardu dont elles sortiront à coup sûr grandies.

La Perf'

Fleur Templier déloge Marie-Pierre Duros

C’est un record de France juniors qui tenait depuis 1986, quand Marie-Pierre Duros avait couru le 3000 m (spécialité dont elle serait championne du monde en salle cinq ans plus tard) en 9’13’’15. Depuis, seules Charlotte Audier (en 1996), la récente championne olympique de triathlon Cassandre Beaugrand (en 2015) et surtout Fleur Templier (9’13’’19 en indoor en février de cette année), avaient pu s’en approcher à moins d’une seconde. Cette nuit à Lima, la sociétaire de l’EA Pays de Brocéliande se l’est, cette fois, approprié, l’abaissant même à 9’11’’97. Pas foncièrement une surprise aux yeux de Pierre Friteyre, « plutôt une confirmation après sa course en salle à Seattle en début d’année. C’est fort de courir deux fois à ce niveau à des périodes si éloignées de l’année, sur un record qui tenait depuis si longtemps et que peu de filles avaient approché entre-temps. » Synonyme de quatrième temps de sa série, ce chrono lui ouvre en grand les portes de la finale du 3000 m à Lima. Finale que ne verra pas Jade Le Corre (EA Saint-Quentin-en-Yvelines), première non qualifiée après avoir choisi de mener une bonne partie de sa course (9’32’’14).

Le Chiffre

3

Soit le nombre de places gagnées par Thomas Martinez dans la hiérarchie à Lima entre sa performance d’engagement (sans parler des deux autres concurrents dans le même centimètre que lui) et sa concrétisation dans le bac à sable. Un petit gain tout sauf marginal puisqu’il est synonyme de place de finaliste pour le licencié du Martigues Sport Athlé. Une huitième place acquise dès son premier essai, mesuré à 15,60 m (+1,6). Il n’a pas été en mesure de faire mieux ensuite, restant à 26 cm de son record personnel établi à Albi. « C’était difficile de régler les courses d’élan avec le vent changeant et il y a eu beaucoup d’essais non validés dans cette finale, précise Pierre Friteyre. Mais il ne faut pas oublier aussi que Thomas a été blessé cette saison (tendon d’Achille et ischio-jambier, ndlr), qu’il a peu concouru et avait sorti une sacrée ‘‘perf’’ aux France pour remplir les modalités de sélection. Il était au rendez-vous à Albi et répond encore présent ici avec une belle compétition. »

Et Aussi

Vanlanduyt n’a rien à se reprocher

Yanis Vanlanduyt (Amiens UC) verra t-il le verre à moitié plein ou à moitié vide ? Il a battu son record personnel en demies du 800 m (4e en 1’47’’75, 3 centièmes de mieux que le précédent) à l’issue d’une course pleine, lors de laquelle il ne lui a manqué que 20 mètres puisqu’il occupait encore la 3e place au bout de 780 m, un rang qui lui aurait permis de passer au temps en finale. « Il est tombé dans la demie la plus forte puisqu’il va par exemple plus vite que les deux premiers de la dernière demie, relève Pierre Friteyre. Il n’a rien à se reprocher et c’est même de bon augure pour un junior première année, mais il restera un petit regret car avec un peu de chance et une autre répartition des demies, ça pouvait passer en finale. »

Du côté des concours, c’est un 100 % en qualifications ce jeudi : Marie Rougetet (Dijon UC) disputera la finale du marteau grâce au 10e meilleur jet des ‘‘qualifs’’ (60,62 m), et Maëlle Gauthier (EA Rhône Vercors 26 07) celle de la hauteur grâce à un concours immaculé jusqu’à 1,80 m (quatre barres franchies dès le premier essai), avant que la barre des 1,83 m ne se refuse à elle. 11e sur l’ensemble des deux groupes, « elle a les moyens de battre son record personnel, qui est de 1,82 m, en finale », estime Pierre Friteyre.

La journée fut plus compliquée du côté des courses, aucun de nos représentants ne parvenant à se qualifier en finale. Théo Pedre (EFCVO, 3e de sa demie du 110 m haies en 13’’66, deuxième non-qualifié au temps) ; Matheo Boulineau (Stade Sottevillais 76, 5e de sa demie du 110 m haies en 13’’75) ; Laura Montauban (AO Charenton, 3e de sa demie du 100 m haies, 13’’72) ; Dejan Ottou (Nantes Métropole A., 5e de sa demie du 200 m en 21’’65) ; Shana Lambourde (Val d’Europe Montevrain A., 8e de sa demie du 200 m en 24’’48) ont tous touché un plafond de verre en demies, tandis que Mélissa Benfatah, déséquilibrée après avoir heurté la septième haie, s’était arrêtée en séries. Des chronos à distance de leurs records personnels et réalisés dans des conditions climatiques fraiches et venteuses, loin de celles, idéales pour la perf’, des France Avenir d’Albi en juillet.

Point décathlon enfin : à mi-parcours, Alexandre Montagne (Dijon UC) est 7e (3866 pts), fort notamment d’une superbe longueur (2e, record personnel à 7,29 m)… alors qu’il frisa le 0 pointé en ne validant une marque qu’au troisième essai ! Tiago Garcia (EA Chambéry) pointe 17e (3547 pts).

Guillaume Willecoq pour athle.fr
Photos : © Hasse Sjögren / FFA

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