Médaille d’or, record de France et un chrono de tout premier plan à l’échelon international : Méta Tumba a signé un 400 m haies dont on se souviendra en finale des Mondiaux U20 de Lima. Elle ramène à l’équipe de France sa seule médaille dans ces championnats, à l’issue d’une dernière journée où l’on a bien cru que le relais 4x100 m allait lui aussi monter sur le podium, et où l’on a dénombré pas moins de six places de finalistes.

La Perf'

Méta Tumba dans la cour des grandes

On avait bien senti lors de sa série (58’’05) et sa demie (56’’79), remportées tout en demeurant à bonne distance de son record personnel (56’’27), que Méta Tumba en gardait sous le pied. Ses dernières lignes droites tout en contrôle annonçaient le meilleur pour la finale du 400 m haies de Lima. Pour sa dernière course dans ces Mondiaux U20, la hurdleuse du Grand Angoulême Athlétisme n’a cette fois jamais relâché son effort, effectuant même un cassé pour franchir la ligne. « J’avais l’impression d’avoir l’Américaine juste derrière moi », devait-elle expliquer ensuite. Mais Jasmine Robinson, deuxième en 56’’04, n’était en réalité plus dans le coup pour la gagne, reléguée à une demi-seconde du fracassant 55’’59 réussi par la Française. Et quand l’Américaine était déclassée pour un franchissement de haie irrégulier, c’est même un gouffre de plus d’une seconde qui devait séparer pour la postérité Meta de ses plus proches poursuivantes, la Polonaise Wiktoria Gadajska (56’’87) et la Sud-Africaine Hannah van Niekerk (56’’98).

Avec ce chrono réalisé en finale mondiale, l’élève de Nicolas Grimault et Aurélien Chaslard devient la 22e meilleure U20 de tous les temps sur la distance, la 5e Européenne derrière Ionela Tirlea (55’’26), Femke Bol (55’’32), Radostina Dimitrova (55’’53) et Yekaterina Kostetskaya (55’’55). Elle est aussi la 17e Française couronnée dans des championnats du monde U20, après Jean Galfione (perche, 1990), Sylviane Felix (200 m, 1996), Muriel Hurtis (200 m, 1998), Benjamin Compaoré (triple saut, 2006), Christophe Lemaitre (200 m, 2008), Teddy Tamgho (triple saut, 2008), Pascal Martinot-lagarde (110 m haies, 2010), Kevin Mayer (décathlon, 2010), Alexandra Tavernier (marteau, 2012), Wilhem Belocian (110 m haies, 2014), Axel Chapelle (perche, 2014), Rouguy Diallo (triple saut, 2014), Yanis David (longueur, 2016), Sasha Zhoya (110 m haies, 2021), Erwan Konaté (longueur, 2021 et 2022) et Anthony Ammirati (perche, 2022). Vous avez bien lu : Méta Tumba ramène à l’équipe de France son premier titre U20 sur 400 m haies, garçons et filles confondus. « La clé de la victoire, c’est le travail et le soutien de mes proches, réagissait-elle. J’avais confiance en mes capacités, je me savais en forme… J’ai appris beaucoup de choses cette semaine, gagné beaucoup de confiance avec cette sélection. C’était la première fois que j’affrontais des adversaires venues d’au-delà de Europe, donc ça me servira dans le futur. »

La première à la féliciter, tandis qu’elle était encore allongée sur la piste, n’était autre que Candice Von Plauen (Entente Sud Lyonnais), qui prend, quant à elle, la cinquième place de cette finale (57’’37) et referme également de son côté de beaux championnats, marqués par un record personnel porté à 56’’81 en demies. Quelques semaines après les superbes prestations olympiques de Louise Maraval et Clément Ducos, le 400 m haies tricolore n’a pas fini de semer ses promesses.

Le Chiffre

4

Le nombre de centièmes ayant manqué à Gaël Delaumenie (RC Lens Athlétisme), Ylann Bizasene (Stade Lamentin), Dejan Ottou (Nantes Métropole Athlétisme) et Hugo Jacquet-Dzong (EA Mâcon) pour monter sur le podium sur relais 4x100 m. Le quatuor a livré une superbe finale, optimisant ses transmissions, pour jouer la médaille jusqu’à la ligne, sur laquelle Hugo Jacquet-Dzong s’est fait sauter in extremis par le prodige thaïlandais Puripol Boonson (39’’43 contre 39’’39). « C’est rageant parce que la médaille était toute proche, mais ils n’ont rien à se reprocher, analyse Pierre Friteyre, responsable des équipes de France U20. Ils sont à bloc en vitesse individuelle, ne peuvent pas mieux optimiser les passages… Mais s’il n’y a pas de podium à l’arrivée, ils ont réalisé la deuxième performance de tous les temps pour un relais masculin U20, à un dixième du record de France. » Celui-ci est détenu depuis l’an 2000 par Ronald Pognon, Fabrice Calligny, Ladji Doucouré et Leslie Djhone.

La Promesse

Le demi-fond français a de beaux jours devant lui

Ces deux-là nous ont amené à consulter des archives remontant au siècle dernier pour déterminer leurs devanciers à ces altitudes. Encore junior première année, Daphné Dornic est une superbe 6e de la finale du 1500 m. La sociétaire du Clermont Auvergne Athlétisme a coupé la ligne en 4’20’’80, à seulement quatre secondes de son record personnel… et du titre, la victoire se jouant en 4’16’’64 pour l’Éthiopienne Saron Behre. Elle ramène aussi la première place de finaliste pour une Française sur la distance en U20 depuis Céline Martin, elle aussi 6e en 1990.

Sur 3000 m steeple, c’est Bob Tahri (7e en 1996) qu’il a fallu aller chercher pour trouver meilleur résultat que la 8e place décrochée à Lima par Ishak Dahmani. Le demi-fondeur du Val de Reuil AC a passé une grande partie de sa course à faire l’élastique, se battant sur chaque barrière et chaque rivière pour recoller. Une ténacité payée d’une place de finaliste donc… et d’un chrono marquant. Dans une course bouclée en 8’15’’28 par le Kényan Edmund Serem, le Français améliore son record personnel de près de cinq secondes pour le porter à 8’39’’79. Ce qui fait de lui le troisième meilleur U20 hexagonal de tous les temps, derrière Hicham Errbibih (8’35’’88 cette année) et Louis Gilavert (8’38’’84 en 2017).

Et Aussi

Clémence Rougier espérait mieux

Clémence Rougier n’a pu faire mieux qu’une huitième place en finale du triple saut. Loin de son record personnel à 13,83 m, la sociétaire du Limoges Athlé n’est pas parvenue à sauter plus loin que son 13,11 m (+0,2) initial (elle a égalé cette marque au quatrième essai, avant de voir se lever le drapeau rouge sur ses deux dernières tentatives). D’autant plus rageant que le top 5 ne s’est joué qu’à six centimètres au-delà, et le podium à 13,47 m.

Maëlle Gauthier (EA Rhône Vercors 26 07) finit, quant à elle, 11e de la finale du saut en hauteur. Comme en qualifications, elle a franchi 1,80 m, avant de buter sur la montée de barre à 1,84 m, elle qui a un record personnel à 1,82 m. Au marteau, 11e place aussi pour Marie Rougetet (Dijon UC), qui a eu du mal à se libérer et a réalisé un meilleur jet mesuré à 59,99 m.

Le Bilan

Pierre Friteyre dresse le bilan de ces Mondiaux juniors, les troisièmes d’affilée lors desquels la France ramène au moins un titre : « On termine 15e au classement des médailles, grâce à la médaille d’or de Meta. En termes de podiums, c’est un peu en-deçà des performances d’engagement des uns et des autres, puisque nous avions trois athlètes qui figuraient dans leur top 3 respectif. En revanche, nous enregistrons 13 places de finalistes, ce qui est plutôt un bon résultat puisque nous avions 10 athlètes classés dans leur top 8 au coup d’envoi de la compétition. »

Guillaume Willecoq pour athle.fr
Photos : © Hasse Sjögren / FFA

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