Wilhem Belocian et Just Kwaou-Mathey ont remporté ex aequo le 60 m haies du meeting de Paris ce dimanche, dans une Accor Arena en feu. Laeticia Bapté a également goûté à la victoire dans la course féminine, alors que Pascal Martinot-Lagarde a renoué avec ses jambes de vingtenaire.

Un final digne d’un film. Si des scénaristes hollywoodiens avaient voulu écrire le script du meeting de Paris indoor 2025, ils ne s’y seraient pas pris autrement. Après de longues minutes d’attente, Just Kwaou-Mathey et Wilhem Belocian ont été déclarés vainqueurs ex aequo du 60 m haies, qui clôturait en apothéose la réunion. Double dose de bonheur pour les 11042 spectateurs (un record !) massés dans les tribunes de l’Accor Arena. Même le Suisse Jason Joseph, pourtant pas ravi de sa troisième place dans le même chrono que les deux lauréats (7’’52), le reconnaissait : « c’était incroyable ! ».

Pour arriver à ce résultat, le Normand a dû passer la vitesse surmultipliée sur les deux derniers intervalles pour grignoter progressivement l’avance prise par le Guadeloupéen grâce à un départ canon. Impossibles à départager, même au millième de seconde, les deux compères ont célébré ensemble leur succès avec le public, avant de se recroiser dans la zone mixte, alors que tout avait été fait pour qu’ils se présentent séparément devant la presse (une question de confort pour les journalistes). « C’est drôle de se retrouver ex aequo, moi je voulais gagner », clamait Just Kwaou-Mathey, avant de se rendre compte qu’il avait, effectivement, gagné. « Bon, on partage ça avec Wilhem, c’est cool. C’est la première fois que je gagne à Paris », soufflait-il.

Seul petit regret, le hurdler d’Evreux AC aurait bien aimé aller plus vite. Là encore, Wilhem Belocian (Lille Métropole Athlétisme) était sur la même ligne. « On met en place un plateau, c’est du positif, concédait-il avec une petite moue. Et gagner à la maison devant tout ce monde, ça fait du bien. Mais j’ai hâte de courir plus vite, il faut que j’arrive à me lâcher. » Pas encore partis, les deux avouaient être « pressés » de se retrouver à Liévin, dès jeudi soir, pour une nouvelle affiche de gala, avec le recordman du monde Grant Holloway.

Martinot-Lagarde surprend, Bapté confirme

Dans la même course, Pascal Martinot-Lagarde (ES Montgeron) a transformé la  cérémonie de semi-retraite qui lui était offerte en tremplin vers un maillot bleu auquel il ne croyait plus. Quatrième en 7’’54, soit les minima pour les Europe d’Apeldoorn, il avait des étoiles devant les yeux au moment de faire le bilan. « Quand la Fédé m’a dit qu’on préparait un petit truc pour évoquer ma dernière saison en salle, j’imaginais une petite vidéo sur l’écran géant. Et là, toute ma famille et mes proches qui descendent sur la piste pour me faire une surprise avant la compétition… C’était fou, le genre de trucs dont on se rappelle en premier à la fin de sa carrière ! J’y ai laissé des plumes pour la série, mais en finale, ça m’a donné une force incroyable. Le problème, c’est que maintenant, je suis à deux centièmes des minima mondiaux. Avec toutes les épreuves que j’ai eues, je m’estimais trop vieux, je croyais vraiment que j’étais fini. Je me disais que je finirais sans doute au meeting de Montgeron en mai, mais là, je me rends compte que je suis encore capable d’être performant. Ça remet une pièce dans la machine… »

Lauréate de la course féminine, Laeticia Bapté a prouvé qu’elle avait passé un cap ces dernières semaines. Avec ses 7’’83 en finale, record du meeting amélioré, ponctués d’une belle autorité pour dominer ses adversaires, la Martiniquaise s’est propulsée à la cinquième place actuelle des bilans planétaires. Déjà titulaire des minima pour Nankin depuis une semaine, l’athlète de l’US Robert savourait d’avoir « pris [sa] revanche sur la course de la veille à Metz. Je me suis concentrée sur le départ, parce que je savais que si je partais bien, les autres ne me rattraperaient pas. » Après une année 2024 qui lui a laissé « un arrière-goût », Bapté veut désormais « tout casser, sans limite ». Elle a commencé par les chronos, et occupe désormais le quatrième rang des bilans tous temps nationaux devant Patricia Girard, en attendant d’autres occasions de toucher « la gloire ».

Joseph et Parisot accélèrent

Gemima Joseph a connu une soirée contrastée à la capitale, puisque la Guyanaise a remporté la finale du 60 m en 7’’23, mais l’athlète de l’Amazonie Athletic Academy a ensuite dû prendre la direction de l’hôpital pour y passer des examens, en raison d’une lésion musculaire à la cuisse survenue en fin de ligne droite. Troisième en 7’’26, Hélène Parisot (Athlé Vosges Entente Clubs) s’est fait du bien au moral en validant un nouveau chrono de référence sur une distance qui n’a jamais été sa préférée. La ligne droite masculine a sacré l’Omanais Ali Al Balushi, en 6’’53, alors que Meba-Mickael Zeze (AC Cannes), quatrième, a réussi son meilleur temps de la saison en 6’’65.

Les concours ont un peu moins souri aux Français, à l’image du saut à la perche où la barre n’a jamais vraiment décollé. L’Américain Jacob Wooten n’a dû sa victoire qu’à un concours moins heurté que ses compatriotes Cole Walsh et Nate Richartz, tous les trois étant crédités de 5,60 m. Baptiste Thiery (JS Fransiscaine), Robin Emig (Gap Hautes-Alpes Athlétisme), Valentin Lavillenie (Toulon Métropole Athlétisme), Mathieu Collet (EA Grenoble 38) et Anthony Ammirati (Envol) se sont tous arrêtés à 5,50 m. A la longueur, la Suissesse Annik Kälin a régalé le public en améliorant le record du meeting, à la faveur de son deuxième bond mesuré à 6,77 m. Rogilia Bissemo (EFS Reims Athlétisme) s’est classée troisième avec 6,46 m, alors que Jules Pommery (Athletic Clubs 92) a pris la cinquième place chez les hommes avec 7,74 m, son meilleur saut de l’année.

A l’Accor Arena, Etienne Nappey (avec Mathis Dussaut-Hayard) pour athle.fr
Photos : © J.-M. Hervio - P. Millereau / KMSP / FFA

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