La Bordelaise a décroché l’or cette nuit en Chine en effaçant une barre à 4,75 m, record de France égalé. Elle est la première perchiste tricolore à être sacrée au niveau mondial. Un exploit monumental.

Les Français passionnés d’athlétisme, qui n’étaient pas devant leur écran cette nuit, se sont réveillés samedi matin en se demandant s’ils étaient encore en plein rêve. Mais non, Marie-Julie Bonnin est bien la nouvelle championne du monde indoor du saut à la perche. En effaçant une barre à 4,75 m au deuxième essai, elle a égalé le record de France de Ninon Chapelle, qui se refusait à elle depuis le début de l’hiver. Et elle est surtout montée sur la plus haute marche du podium devant deux grands noms de la discipline, la Slovène Tina Sutej et la Suissesse Angelica Moser, qui ont dû se contenter de 4,70 m.

L’élève de Damiel Dossevi avait elle-même encore du mal à croire, quelques dizaines de minutes après la fin du concours. « Dès qu’on me dit que je suis championne du monde, j’ai l’impression de pouffer de rire à chaque fois car c’est irréel. Je ne m’en remets toujours pas, je pense qu’il va me falloir un petit moment », confiait-elle au téléphone, en attendant de satisfaire au contrôle antidopage.

Le scénario qui l’a menée jusqu’à la plus haute marche du podium a été aussi dingue que le résultat final. Tout avait bien commencé avec « un très bon échauffement ». Une bonne nouvelle pour celle qui expliquait ne pas être du matin, alors que le début de la finale était programmé à 10h10 heure locale. Mais la machine se grippait à 4,60 m, une hauteur franchie seulement au troisième essai. « C’était vraiment ric-rac. Mais derrière, je me relâche et je passe 4,70 m au premier », retraçait-elle. Le tournant de la compétition, en partie parce que le concours allait être ensuite interrompu pendant plus de trente minutes à cause d’un problème technique au niveau du réglage des poteaux, alors que seules la Française et Tina Sutej avaient déjà validé leur passage à la barre supérieure. « Je pense que ça a été un peu compliqué pour certaines de se remettre dedans », estimait ‘’MJ’’, qui était finalement rejointe également par Angelica Moser et Molly Caudery à 4,75 m.

« Un bug dans ma tête »

Marie-Julie Bonnin faisait alors « le choix un peu couillu », selon ses propres mots, de prendre une perche plus dure qu’elle n’avait utilisée qu’une seule fois, lors des championnats de France Elite à Miramas. « J’ai dit direct à Damiel : ‘’là, c’est la bonne ! Ça va passer, je le sais !’’ J’étais morte de rire. » Bien vu, elle effaçait la barre au deuxième essai, avant d’assister aux échecs de ses trois concurrentes, sans trop réaliser ce qui se passait. « Quand les filles sont venues me voir pour me dire que j’étais championne du monde, j’étais choquée. Il y a eu un bug dans ma tête. Ça n’est qu’après mes trois tentatives à 4,80 m que tout est redescendu et que j’ai tout relâché. »

Médaillée de bronze européenne à Apeldoorn (Pays-Bas) il y a deux semaines, la sauteuse du Stade Bordelais bascule dans une nouvelle dimension, alors que Vanessa Boslak était jusque-là la seule perchiste hexagonale à être montée sur un podium mondial en salle, avec l’argent en 2012 à Istanbul. Toutes disciplines confondues, elle est seulement la cinquième championne du monde indoor française, après Marie-Pierre Duros (3000 m en 1991), Muriel Hurtis (200 m en 2003), Eloyse Lesueur-Aymonin (longueur en 2014) et Cyréna Samba-Mayela (60 m haies en 2022). « C’est historique mais je ne m’en rends pas du tout compte. Je suis dans ma petite bulle et je pense que c’est tant mieux. Je suis à l’ouest, laissez-moi sur mon petit nuage », souriait-elle. Elle n’est pas prête d’en redescendre.

Belocian et Martinot-Lagarde en demi-finales

Plus tôt dans la journée, Wilhem Belocian et Pascal Martinot-Lagarde avaient rempli leur contrat en séries du 60 m haies. Le premier nommé, deuxième de sa série en 7’’58 derrière le patron de la discipline, l’Américain Grant Holloway (7’’49), n’a pas tremblé. Ce fut plus compliqué pour PML, troisième de sa course en 7’’85, mais qui a assuré l’essentiel puisque les quatre premiers de chaque série passaient directement le cut. Les demi-finales, lors desquelles il faudra nettement accélérer le rythme, les attendent dès cet après-midi à 12h50 heure française (19h50 heure locale).

En demi-finales du 800 m, crève-cœur pour Yanis Meziane. Alors qu’il était bien calé dans le peloton un peu après la mi-course, le demi-fondeur d’Athlé 91 a été déséquilibré par un croc-en-jambe involontaire du Kényan Noah Kibet. Il s’est relevé et a fini son effort en trottinant (6e en 2’23’’95). La Fédération Française d’Athlétisme a déposé un appel, qui a été rejeté.

Florian Gaudin-Winer pour athle.fr
Photos : © R. Oleksiewicz, P. Skraba, L. Szelag / Honest Media