Cinquième Française de l’histoire sacrée championne du monde indoor, et première à la perche, Marie-Julie Bonnin a écrit à Nankin une nouvelle page de l’histoire de l’athlétisme hexagonal. Un exploit qu’elle a accueilli avec sa fraicheur habituelle.

Que ressentez-vous après cette incroyable victoire ?

Dès qu’on me dit que je suis championne du monde, j’ai l’impression de pouffer de rire à chaque fois, car c’est irréel. Je ne m’en remets toujours pas. Je pense qu’il va me falloir un petit moment pour réaliser. Je suis dans ma petite bulle et je pense que c’est tant mieux. Je suis à l’ouest, laissez-moi sur mon petit nuage (rires). On va profiter, savourer et fêter ça.

A quel moment avez-vous pris conscience que vous aviez gagné ?

Lorsque je suis retombé sur le tapis après avoir passé 4,75 m, il restait encore des essais aux filles derrière. Je ne me suis donc pas dit que j’étais championne du monde, mais plutôt que, potentiellement, j’assurais une médaille. Quand les filles sont venues me voir pour me dire que j’avais gagné, j’étais choquée. Il y a eu un bug dans ma tête. Ce n’est qu’une fois le concours terminé, après mes trois tentatives à 4,80 m, que tout est redescendu et que j’ai tout relâché.

Comment s’est déroulé le concours ?

Je fais un très bon échauffement. Je me dis que je suis bien en cannes, même s’il est tôt et que je ne suis pas du matin. Je galère au début du concours. Je passe 4,60 m au troisième essai, c’est vraiment ric-rac. Et derrière, je me relâche et je passe 4,70 m au premier. Il y a ensuite eu un problème technique au niveau des poteaux, qui nous a retardées pendant trente à quarante minutes. Angelica (Moser) et moi, on était les seules à être passées du premier coup avant l’interruption, donc c’était plus rassurant pour nous. Je pense que ça a été un peu compliqué pour certaines de se remettre dedans.

Comment avez-vous négocié cette barre à 4,75 m ?

J’ai fait le choix un peu couillu de changer de perche à cette hauteur pour en prendre une plus grosse. Et franchement, j’ai dit direct à Damiel : ‘’là, c’est la bonne ! Ça va passer, je le sais !’’ J’étais morte de rire. J’ai pris celle que j’avais testée à Miramas (lors des championnats de France Elite, ndlr) sur un saut et que je ne connaissais pas franchement. J’ai sauté direct après les quarante-cinq minutes d’attente et c’est passé au deuxième essai.

Vous égalez le record de France, qui vous résistait depuis le début de l’hiver…

Je partage le record de France avec Ninon (Chapelle). Je suis trop contente ! Ça me donne encore plus la dalle pour cet été. C’est un énorme pas, qui va me donner beaucoup de confiance pour la saison en plein air et Tokyo. C’est historique mais je ne m’en rends pas du tout compte.

Propos receuillis par Florian Gaudin-Winer pour athle.fr