Jimmy Gressier abordera en favori, ce samedi, le semi-marathon des championnats d’Europe de running à Bruxelles. En grande forme depuis le début de l’hiver, tant sur la piste que sur 10 km, le fondeur du Boulogne-sur-Mer AC veut désormais transformer l’essai sous le maillot de l’équipe de France. En faisant le spectacle avec ses coéquipiers tricolores, avec lesquels il vise aussi l’or collectif.

Dans quel état d’esprit abordez-vous ces championnats d’Europe ?

J’ai envie de tout casser et d’aller au combat. Toute ma famille et mes amis vont venir à Bruxelles, et je sais que je suis dans une très, très bonne forme. Ça n’est que du positif car je me dis que si j'arrive à atteindre l’objectif que je me suis fixé, ça sera un samedi de joie. Comme je l’ai dit à ma copine (Aude Clavier, alignée sur 10 km, ndlr), je me suis promis après Rome que c’était la dernière fois que je ratais une médaille aux championnats d'Europe (il a terminé 5e du 10 000 m à Rome en 2024 et 4e du 5000 à Munich en 2022). Je sais que j'ai toutes les capacités pour aller chercher le titre, même si le niveau européen est exceptionnel actuellement, avec des mecs qui font des temps stratosphériques. Les chronos, c’est cool, mais les records sont battus tôt ou tard. Alors que les médailles, ça reste. J'échange mille fois mon palmarès contre celui de Yann Schrub, même si j'ai vécu des très belles émotions en battant des records d'Europe.

Pourquoi avez-vous choisi de vous aligner sur semi-marathon et pas sur 10 km ?

C'est une distance que j'apprécie et sur laquelle j'avais envie de courir. J'ai terminé cinquième des Mondiaux (il y a deux ans, ndlr). Je devais refaire un semi pour être qualifiable pour les Mondiaux de San Diego en septembre prochain (ils ont depuis été reportés à 2026, ndlr) et tenter d’aller y chercher une médaille.

Avez-vous déjà une stratégie en tête ?

Quand je suis en forme, j'aime envoyer. C'est long de rester planqué 21 kilomètres, sans rien faire. J'ai envie de mettre un peu d'ambiance à ces championnats. Mais je n'ai pas encore forcément de stratégie définie. Je me laisse déjà le temps de voir la météo qu’il fera, s'il y a du vent ou non. J’ai vu que le parcours contenait pas mal de bosses, je vais aller le repérer la veille de la course. Et je laisserai faire le feeling pendant l’effort. En toute humilité, je pense que sur la ligne de départ, c'est moi le meilleur sur le plan chronométrique, si ça va vite. Mais tactiquement, j'ai aussi des armes à faire valoir. Le danger peut surtout venir de moi-même, si je décide de courir vite, que je me mange un mur et que je n'avance plus. Ça peut être compliqué si je me vois trop fort. Donc, le danger, avant tout, c'est peut-être moi-même.

A quoi ont ressemblé vos dernières semaines d’entraînement ?

Ça a été trois semaines de contrôle sans vraiment préparer spécifiquement ce semi, mais tout en maintenant une bonne forme. J’étais déjà pas mal en forme après mes courses en indoor et le 5 km de Lille. Il a suffi de refaire deux semaines de kilométrage, une à 180 km et une à 165 km. La semaine dernière, je me suis contenté de 125 km et j’ai juste effectué une séance allure course. Je n'avais pas besoin de plus pour me mettre en confiance. Ma course à Lille a suffi pour ça.

Il y aussi une belle carte à jouer sur le plan collectif…

Il ne faut pas oublier nos deux petits Français, Bastien Augusto et Valentin Gondouin. Je pense qu'ils n'essaieront pas de me manquer de respect et de me prendre ce titre, ils respectent leur aîné (rires). On a une belle équipe de France pour faire quelque chose de sympa. On s'est entraînés tous ensemble en stage. On veut être champions d'Europe par équipes et même réaliser un triplé historique. Je crois vraiment qu'on en a les moyens. 

Propos recueillis par Mathis Dussaut-Hayard pour athle.fr
Photos : © Paola Tertrais / FFA