Athle.com : Jean-Claude Gachon, le travail de vitesse doit-il faire partie de la panoplie du coureur sur route ?
Jean-Claude Gachon : Entre la route et la piste, finalement, la seule différence est l’environnement. Mais que vous couriez un 10 000 m sur piste ou un 10 km sur route, vous faites appel aux mêmes formes de travail. Ce qui est nécessaire sur un stade l’est aussi en dehors. Il existe toutefois, bien évidemment, des variantes entre le travail de vitesse que doit effectuer un coureur de 10 km ou de semi-marathon et celui d’un sprinteur. Le coureur sur route ne va pas chercher l’explosivité. En revanche, il doit progresser sur les facteurs propres au travail de vitesse : la technique de course, le relâchement, le placement, la poussée.

En quoi ce type d’entraînement est-il utile pour des amateurs de longues distances ?
Si un coureur sollicite toujours les mêmes secteurs, ceux de la compétition, il se trouvera vite limité dans sa progression. Il est obligé de travailler à des vitesses supérieures à celles de la compétition pour disposer d’une marge de sécurité pendant ses courses. Pour cela, il doit aussi travailler les qualités techniques dont on vient de parler. Cela se retrouve ensuite en compétition, même pour les coureurs sur route.

Le travail de vitesse n’est pourtant pas encore entré dans les mœurs…
C’est vrai. Beaucoup y rechignent, en ayant l’impression que ce type d’effort se fait au détriment d’un kilométrage élevé à l’entraînement. Mais quelles que soient les distances, y compris sur marathon et semi-marathon, ce travail est utile. Regardez les tout meilleurs marathoniens : ils disposent d’excellents chronos de référence sur la piste.

Quelle serait une séance type de vitesse pour coureur sur route ?
Une séance où l’on garderait à l’esprit qu’il faut travailler technique de course et gestuelle. Mais attention : il faut toujours travailler lancé, sans chercher l’explosivité immédiate dès le départ, comme le font les sprinters. On peut par exemple imaginer des 60 ou 80 m avec paliers, c'est-à-dire en partant lentement sur 20 m, puis en accélérant pour finir par aller très vite sur le reste de la distance. Ou encore des 100 m en vite – relâché – vite. On peut ainsi imaginer une séance de 10x100 m, avec une bonne récupération de 2 minutes actives entre chaque course. Il est également possible de travailler en côte, à condition que celle-ci soit modérée. Si elle est trop raide, on a vite tendance à s’y adapter. Mais n’oublions pas que l’on cherche avant tout à bien se déplacer sur un sol plat.

Quels autres conseils peut-on donner aux coureurs qui se lancent dans la vitesse ?
Tout d’abord, d’éviter de placer ce type de séance le lendemain d’une séance de VMA, ou d’une séance au seuil, quand les muscles ont déjà été sollicités. Mieux vaut placer une séance de vitesse la veille, par exemple. Ensuite, il faut bien avoir à l’esprit que ce type d’entraînement doit permettre de travailler tous les facteurs propres à la vitesse : la technique, le placement, le travail de pied, la poussée… Tout ce qu’on néglige habituellement. Ce qui nécessite aussi, et c’est très important, un bon travail de renforcement musculaire.

Propos recueillis par Cyril Pocréaux pour athle.com

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