Difficile de trouver en ce moment homme plus comblé que Bernard Gaudin. Le référent « 24 heures » à la Fédération Française d’Athlétisme était à Séoul le week-end dernier avec l’équipe de France, pour le Trophée Mondial des 24 h. Résultat : six médailles dont deux titres mondiaux. Avec un incroyable triplé chez les femmes réalisé par Anne-Marie Vernet (1e avec 238 km 762 parcourus), Anne-Cécile Fontaine (2e, 238,328) et Brigitte Bec (229,818), avec à la clé un logique titre par équipes. Côté masculin, Fabien Hobléa décroche la médaille d’argent avec 266 km 152. Christophe Martin (5e) et Philippe Warembourg (6e), en embuscade,  permettent aux Bleus d’être sacrés vice-champions du monde par équipes. Une incroyable réussite due en grande partie à l’esprit de solidarité des Français.

Athle.com : Quelles étaient les ambitions de l’équipe de France en partant pour Séoul ?
Bernard Gaudin : Par rapport à nos résultats des années passées, nous visions entre deux et quatre médailles. Je savais que l’équipe féminine était très forte. L’or par équipes ne m’a donc pas surpris. Par contre, faire le triplé, c’est historique !

Comment s’est déroulée la course ?
Ca a été très long. Les Japonaises sont parfois repassées devant au classement par équipes. Je tiens à tirer un coup de chapeau à Brigitte Bec. Elle a longtemps été en tête mais a connu à 2h 30 de la fin de course une panne de carburant. Heureusement, on avait d’autres Françaises en réserve avec Anne-Marie Vernet et Anne-Cécile Fontaine. Je savais à trois heures de l’arrivée que le titre ne pouvait plus nous échapper.

Les hommes n’ont pas été en reste, avec l’argent par équipes…
Le grand favori japonais, Rioichi Sekiya, a dominé la course de bout en bout. Mais il faut souligner la très belle performance de Fabien Hobléa, vice-champion du monde. Il a parcouru 266 km, une performance qui n’avait pas été réalisée par un Français depuis bien longtemps. Au final, le Japon, la Russie et la France restent les trois pays dominateurs sur les 24 heures. Mais la France monte en puissance.

Quelles étaient les conditions climatiques à Séoul ?
Le départ a été donné à 10 h du matin. L’après-midi a été chaude et lourde, avec un fort taux d’humidité. Il y avait un épais brouillard de pollution. Mais la nuit et les dernières heures de course ont été moins compliquées. Le circuit d’un peu plus de neuf cents mètres était très favorable car parfaitement plat. C’était un anneau en béton propice à la performance.

Comment expliquer l’exceptionnelle réussite des Tricolores ?
Ils étaient très bien préparés. Nous avons organisé un stage d’entraînement intensif de sept jours trois semaines avant le Trophée Mondial avec deux séances quotidiennes. Ce stage a également entretenu le côté relationnel en permettant aux athlètes de mieux se connaître. Il a créé une très bonne cohésion. La solidarité est primordiale pour une épreuve comme les 24 h. Et, à Séoul, l’équipe était très soudée. Il y avait un lien très fort entre les Tricolores.

Avez-vous pu fêter tous ces superbes résultats ?
Non, tout le monde était K.O après la course. Il y a même eu de petits malaises. Le soir de l’épreuve, tout le monde voulait dormir. Mais on espère pouvoir se retrouver par la suite en France. Sur le podium, toutes les filles étaient assises. Elles ont pu se lever juste pour la Marseillaise !

Pour les accompagnateurs, rester 24 heures debout ne doit pas non plus être de tout repos…
J’ai couru partout pendant 24 heures pour ravitailler et encourager les Français. Je pense que j’ai bien dû parcourir trente ou quarante bornes !

Pensez-vous que cette moisson coréenne peut relancer la course « ultra » en France ?
Nous manquons encore de reconnaissance. Les sportifs qui pratiquent cette discipline courent pour le plaisir même s’il y a de la souffrance. C’est un acte gratuit. J’essaye de relancer les 24 heures en France en étant présent sur les lieux de compétition et en discutant avec l’ensemble des athlètes. Je pense que tous ces bons résultats vont sortir un peu l’ultra de l’ombre. De mon côté, je vais continuer à travailler dans le même sens. Pour, qui sait, pousser des gens à tenter l’aventure des 24 heures !

Propos recueillis par Florian Gaudin-Winer pour athle.com