Deuxième du marathon de Paris en 2h 24’22’’ derrière l’Ethiopienne Atsede Baysa (2h 22’03’’, record de l’épreuve), Christelle Daunay a franchi un nouveau cap en améliorant son propre record de France de plus d’une minute (2h 25’43’’ l’an dernier, également à Paris). A 35 ans, la fondeuse du SCO Sainte-Marguerite Marseille, entraînée par Cédric Thomas, n’en finit plus de progresser. En six marathons, elle ne s’est jamais loupée. Une réussite qu’elle explique par sa capacité à arriver en forme le jour J et par l’expérience gagnée au fil des ans. Interview.

Athle.com : Christelle, quel est votre sentiment après ce nouveau record de France à Paris ?
Christelle Daunay : Ça n’est que du bonheur. J’ai changé de place. Je suis plus que satisfaite. La course a été quasi identique à celle de l’an dernier. J’étais septième au départ. Je savais que le marathon allait partir très vite, que ça allait ensuite exploser et que je pourrai remonter. Mais je ne pensais pas que tant de filles partiraient sur des bases très rapides.

Après plusieurs troisièmes places, vous êtes cette fois montée sur la deuxième marche du podium…
J’ai mis un peu de temps pour revenir. Pourtant, mon premier semi a été plus rapide que d’habitude. Mais après, ça a bien explosé devant. J’étais été pendant un certain temps troisième. On nous annonçait les écarts et je pensais avoir une minute de retard sur la deuxième. Au 38e ou 39e kilomètre, je l’ai vue devant moi. Je me suis dit : « Vas-y, elle va moins vite que toi ! » Je savais que le record de France était dans la poche quoi qu’il arrive.

En six marathons, vous n’êtes jamais passée à côté d’une de vos courses. Comment l’expliquez-vous ?
La clé de ma réussite, c’est le travail. L’entraînement s’accumule au fil des années. J’ai gagné en expérience. A chaque marathon, je progresse dans la physionomie de la course. Je sais que je suis dans les meilleures mondiales. 2h24, ça parle. Et je sais aussi que je peux y rester. En six marathons, j’ai à chaque fois réussi quelque chose de bien, je ne suis jamais passée à travers. C’est fantastique.

Votre compagnon Frédéric Bouvier a couru hier à vos côtés tout au long de la course. C’est important pour vous…
Il m’apporte de la confiance au quotidien. On a galéré ensemble cet hiver pour s’entraîner dans des conditions pas toujours faciles. L’athlétisme, ce sont des hauts et des bas. C’est fantastique de pouvoir vivre une journée merveilleuse comme celle-là ensemble. Il était heureux de pouvoir partager avec moi cette course jusqu’au bout. C’est toute une équipe qui est autour de moi et que je remercie.

Vous avez connu une préparation un peu plus compliquée que d’habitude. Avez-vous à un moment douté ?
Je savais que j’avais le record de France dans les jambes. Mais mon semi-marathon en 1h13 et ma petite blessure m’ont mis un peu plus le doute que d’habitude. J’ai dû me soigner pendant une semaine. Je n’étais pas au fond du trou. Mais je me suis posée à un moment la question de m’aligner ou non au marathon de Paris. La confiance est revenue grâce aux entraînements.

Il vous manque désormais une victoire sur cette distance mythique…
Gagner un grand marathon, ça possède une saveur un peu particulière. Pour y arriver, il faut prendre des risques, être au contact avec les premières. Là, entre guillemets, j’étais seule. Je pense qu’une course féminine me conviendrait mieux, avec un véritable mano à mano.

Avant cet objectif, un bel été s’annonce sur piste…
Ça fait quatre ans que je cours après le record de France du 10 000 m. J’en ai marre ! Il faut que je le récupère une bonne fois pour toute. Le délai est court puisque la qualification pour les Championnats d’Europe de Barcelone se déroulera le 6 juin (avec la Coupe d’Europe du 10 000 à Marseille). Mais je veux tous les records de France cette année (rires). Après l’été, je tenterai de battre celui du semi-marathon mais c’est encore un lointain objectif. Mentalement, ça me fait du bien de changer de disciplines et d’aller sur la piste.

Propos recueillis par Florian Gaudin-Winer pour athle.com

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