Rayonnante. Eloyse Lesueur était rayonnante après sa victoire à la longueur lors des Championnats d’Europe par équipes à Bergen (Norvège) dimanche dernier. Avec un saut à 6,78 m (+1,3 m/s) dès le premier essai, la protégée de Renaud Longuèvre  savourait son coup double : la victoire et la réalisation des minima (6,71 m) pour les Championnats d’Europe de Barcelone. Après une opération au genou gauche en novembre dernier, Eloyse, enfin débarrassée de ses soucis physiques, ne se fixe aucune limite. Interview.

Athle.com : Eloyse, vous attendiez-vous à sauter aussi loin dès le mois de juin après une saison hivernale blanche ?
Eloyse Lesueur : Mon objectif principal à Bergen était de me qualifier pour les Championnats d’Europe de Barcelone. Je voulais donc réaliser au minimum 6,71 m. Pourtant, j’avais mal au dos. Ca n’était donc pas simple. J’ai quand même été surprise de faire 6,78 m dès le premier essai. D’habitude, je place un saut pour ensuite être tranquille. J’ai passé un cap sur ce plan-là. J’arrive désormais à dépasser les 6,60 m dès ma première tentative.

Vous l’avez emporté en Norvège en devançant une cliente, la Russe Olga Kucherenko (7,13 m cette année). Anecdotique ou important ?
J’espère que ça aura son importance. C’est en tout cas un avantage pour moi. Elle sait maintenant qu’elle va devoir compter avec de la concurrence, et qu’il y aura une petite Française qui sera présente pour essayer d’aller chercher le titre !

Vous êtes très ambitieuse…
Je n’irai pas à Barcelone pour essayer seulement de passer les qualifications. Je me sens vraiment bien physiquement. Franchement, je ne me fixe pas de limites. Je ne sais pas jusqu’où je peux aller. Je monte en puissance depuis ma rentrée en mai lors des Interclubs.

Et les 7 m, vous y pensez ?
Dépasser cette barrière, c’est comme quand vous atterrissez pour la première fois au-delà des 6 m. C’est une étape importante. Ca n’a carrément rien à voir avec tout ce que vous avez pu faire avant. C’est en quelque sorte un aboutissement.

Revenons un peu sur la blessure qui vous a éloignée des sautoirs pendant tout l’hiver. Quelle était sa nature exacte?
En fait, elle remonte à bien plus longtemps, à avant les Championnats d’Europe espoirs en 2009. J’ai eu un problème de cartilage à la rotule gauche, ma jambe d’impulsion. Mon genou n’arrêtait pas de gonfler. Je ne pouvais pas faire de travail spécifique pour la longueur. C’est ce qui m’a beaucoup manqué en compétition, notamment lors des Mondiaux de Berlin. J’ai été opérée en novembre car je ne pouvais même plus courir. J’ai repris les footings en janvier lors d’un stage aux Etats-Unis. Et le travail plus spécifique pour la longueur en Afrique du Sud (ndlr : en avril).

Vous semblez libérée mentalement…
Avant,  j’avais assez peur de la planche et de mordre. J’ai maintenant pris l’habitude de ne plus me prendre la tête. Je reviens de tellement loin. Ce n’est plus que du bonheur.

Sur le plan technique, vous donniez l’impression à Bergen d’aller moins vite que ces dernières années pendant la course d’élan. Est-ce exact ?
A Bergen,  j’avais mal au dos et la douleur descendait jusqu’à l’ischio. Je n’étais concentrée que sur ça. Je n’étais donc pas à 100 %. Il me manque encore beaucoup d’éléments pour être au top : le travail de pied, être moins assise sur la planche… Je me repose sur mes qualités de vitesse et j’ai toujours le réflexe de lancer mon ciseau quand je suis dans les airs. Mais il y a encore beaucoup de choses à bosser.

Quelle est désormais la suite de votre programme ?
Je vais prendre mon temps. Je ne sauterai pas avant les Championnats de France Elite puis j’enchaînerai avec le meeting AREVA. J’avais en fait en Norvège une grosse inflammation au niveau du dos et j’ai subi une infiltration mardi. Je reprends l’entraînement lundi donc tout va bien.

Propos recueillis par Florian Gaudin-Winer pour athle.com

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