Championne d’Europe de course en montagne début juillet, à Sapareva Banya, en Bulgarie, Marie-Laure Dumergues a su mettre à profit sa polyvalence tout-terrain (cross, piste, hors stade et pleine nature) pour remporter son premier succès sur la scène internationale. L’athlète de l’Avenir Aturin, 28 ans, a désormais les Mondiaux, en septembre, dans sa ligne de mire.

Un an seulement après vos débuts en course en montagne, vous avez remporté le titre de championne d’Europe de la discipline début juillet. Comment expliquez-vous votre ascension ?
Honnêtement, je suis moi-même un peu surprise. Même si c’est une discipline où un athlète peut progresser assez vite, je ne pensais pas obtenir de tels résultats après quelques mois de pratique seulement (elle a débuté en 2009, ndlr). Mais j’ai pris le virus, ciblé un peu plus mon entraînement, et finalement, j’ai réussi à élever mon niveau de performance. Pour preuve, l’an passé, j’avais encore du mal à enchaîner les courses et même parfois à terminer les montées, puisqu’il m’arrivait de marcher sur certaines portions. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Je cours sur tout le parcours, quel que soit le dénivelé (rires). Mais jamais je n’aurais imaginé que cela serait suffisant pour m’imposer sur une épreuve aussi relevée qu’un championnat d’Europe.

Comment avez-vous construit votre victoire ?
En arrivant en Bulgarie, j’étais en confiance, du fait de mes résultats cette saison sur le challenge national montagne 2010, et aussi de l’expérience accumulée depuis un an. Le parcours (9 kms de course, 450 m de dénivelé) n’était pas vraiment technique, avec peu de descentes, et j’ai décidé de partir vite, sans me soucier de mes adversaires. À partir du 2e kilomètre, j’ai pris la tête seule et j’ai géré mon avance en gardant un oeil sur les Italiennes qui étaient les favoris de la course. Dans la dernière descente, j’ai relancé et j’ai tout donné jusqu’à la ligne d’arrivée (victoire en 39’13 devant l’Italienne Valentina Belotti – 39’29 - et la Russe Elena Nagovitsyna – 39’44 -, ndlr). 

Est-ce que votre polyvalence (cross, piste, course hors stade, pleine nature) est aussi à l’origine de votre succès ?
C’est vrai que j’ai débuté sur la piste, à l’Aire-sur-l’Adour, dans les Landes, dont je suis originaire, presque par hasard, à l’âge de 10 ans, pour suivre mon frère. Très vite, j’ai voulu toucher à toutes les disciplines de l’athlétisme. J’étais plutôt une spécialiste du demi-fond (du 1500 m - 7e en junior aux “France” jeunes - au 5000 m en seniors) et René Jourdan, l’entraîneur du club de l’Avenir Aturin (ancien responsable national de course en montagne, ndlr), m’a naturellement orientée vers le cross (7e aux championnats de France juniors). Aujourd’hui, je continue à enchaîner la saison de cross l’hiver, qui me permet de travailler le foncier, les appuis, et une partie de la saison sur piste pour acquérir de la vitesse. J’aurais même pu participer aux championnats de France sur piste à Valence sur 5000 m, mais je n’avais pas assez récupéré, musculairement parlant, après les Europe et j’ai préféré déclarer forfait.

Vous habitez aujourd’hui à Pau, non loin des Pyrénées, ce qui doit représenter un avantage pour une spécialiste de la course en montagne ?
Détrompez-vous, car je vais très rarement courir en montagne à l’entraînement. Je ne suis pas la seule. Constance Devillers, championne de France 2008 et vice-championne d’Europe la même année, s’entraîne à Lille ! En guise de travail spécifique, je fais quelques séances de côte, une fois tous les 15 jours environ, à Pau, des sorties plus longues sur des parcours forestiers avec un peu de dénivelé, de la VMA, et c’est tout.

Quel est votre secret alors ?
Si je le savais (sourires). Il n’y a pas de recettes miracles. Mon frère a voulu s’essayer à la course en montagne, et ce n’est définitivement pas pour lui ! C’est peut-être la nature qui me donne sa force. Je me sens tellement bien lorsque je participe à ces courses en montagne, dans des cadres majestueux, qui me transcendent et me donnent envie de repousser mes limites. 

Quels sont vos prochains objectifs ?
Je pense forcément aux championnats du monde de Kamnik (Slovénie), en septembre. Je vais participer à la montée de l’Aubisque en août, car c’est une course qui me tient à coeur. Mais après un titre de championne d’Europe, j’ai envie de me montrer à mon avantage aux Mondiaux, même si les compteurs seront remis à zéro. Les Italiennes voudront leur revanche et il y aura également des Américaines, une Espagnole qui a un chrono intéressant sur 10 000 m... L’essentiel de la course sera là aussi en montée, le secteur dans lequel j’arrive le mieux à m’exprimer. À moi d’en profiter.

Propos recueillis par Frédéric Ragot pour athle.com

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