Le nouveau défi d’Hurtis-Houairi

C’est un choix par défaut qui s’est transformé en « nouvelle chance ». Pendant des années, Muriel Hurtis-Houairi grimaçait rien qu’à l’évocation du 400 m, cette fameuse épreuve de toutes les souffrances. Difficile alors d’imaginer la sprinteuse francilienne s’aventurer un jour sur le tour de piste. Mais les blessures et une préparation écourtée cette année en ont finalement décidé autrement. Un 400 m au premier tour des Interclubs bouclé en 53’’65 et la voilà lancée sur cette nouvelle distance. « J’étais partie en début de saison pour faire du 200 m, raconte-t-elle. Mais mes  premiers chronos étaient très loin de mes espérances. Je savais que je n’allais pas pouvoir gagner une seconde en un mois. J’ai donc décidé de tenter le coup sur 400 m.

Premier meeting à Nancy le 25 juin et minima réalisés pour Barcelone en 52’’05. Championne de France début juillet à Valence en 51’’82, « Mumu » a amélioré à Castres, il y a moins d’une semaine, son record personnel en 51’’41. C’est ce qui s’appelle une ascension rectiligne. « Dans la course en elle-même, je me fais plaisir, apprécie-t-elle. Mais c’est une distance qui reste très difficile et douloureuse à l’entraînement. C’est un nouveau challenge, que je prends comme une chance dans ma carrière. » Son objectif en Espagne ? « Entrer en finale et descendre sous les 51’’. » Et, à plus long terme, approcher les 50’’. A 30 ans, Muriel « continue à apprendre ». C’est un des privilèges de l’éternelle découverte.

Barras à corps reposé

« Je n’ai pas été blessé depuis le 27 décembre 2009. » Le très précis Romain Barras a marqué d’une pierre blanche cette date. « C’est le jour où j’ai couru pour la première fois après mon décollement de l’aponévrose au mollet. Depuis, je n’ai pas eu un seul gros pépin, ce qui est assez énorme pour moi. Car jusque-là, j’étais dans la droite ligne de Sébastien Levicq. J’avais l’habitude de souvent me blesser. » Ce fut ainsi le cas à Berlin, lors des Mondiaux 2009. En Allemagne, le Montpelliérain, le corps en charpie, accrochait en surpassant la douleur la douzième place avec 8204 points. « Après la compétition, je me suis dit : Plus jamais ça », confie-t-il.

Pour éviter de se retrouver diminué lors des rendez-vous les plus importants de la saison, il met désormais l’accent sur de petits détails qui font, semble-t-il toute la différence. « Je porte souvent des guêtres, décrit-il. Je vois un kiné, un osteo et je suis les conseils d’un diététicien. Au niveau de l’entraînement, on fonctionne plus en triumvirat avec Jean-Yves Cochand mais aussi Bertrand Valcin, qui s’occupe désormais de ma préparation physique. » De quoi aborder dans la forme de sa vie ces Championnats d’Europe de Barcelone, avec notamment une victoire lors de la Coupe d’Europe par équipes à Tallin avec 8313 points. « Tous les ingrédients sont là pour faire quelque chose de grand ici, conclut Romain Barras. Mais pour arriver au plat succulent, il faudra réussir à faire l’osmose entre tous. »