A Barcelone, la mine sombre de Salim Sdiri contrastait forcément avec les sourires d’une grande partie de la délégation tricolore, auteure d’une razzia sans précédent lors des Championnats d’Europe. Encore troisième à l’attaque du sixième et dernier essai, l’élève de Danielle Desmier s’est fait chiper sa place sur le podium par son compatriote Kafetien Gomis, en argent avec un saut à 8,24 m, et a dû se contenter du quatrième rang avec 8,20 m. Forcément cruel pour l’athlète du Lagardère Paris Racing, qui rêve depuis tellement longtemps d’une médaille en plein air. En bronze lors des Europe indoor 2007, Salim, d’une régularité exemplaire, est en effet abonné depuis trois ans aux places d’honneur. Pour repartir du bon pied, il compte sur les Championnats d’Europe en salle (4 au 6 mars), qui se dérouleront à domicile, au Palais Omnisports de Paris Bercy. Une salle qui lui a déjà réussi…

Athle.com : Salim, on vous a quitté profondément déçu après les Championnats d’Europe de Barcelone et votre quatrième place. Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Salim Sdiri : J’ai stoppé ma saison plus tôt que d’habitude. Je n’ai participé qu’à deux meetings après Barcelone alors que, d’habitude, je m’alignais sur cinq ou six concours après le grand championnat. Cette année, l’envie n’était plus là. J’ai repris l’entraînement vers le 20 septembre même si je n’ai toujours pas digéré ce qui s’est passé aux Championnats d’Europe. Ce n’est pas le genre de truc qui passe comme ça. La frustration a été grande. Il faut que je me remette à sauter pour évacuer la déception.

Dans ces conditions, où trouve-t-on la motivation pour aller tous les jours à l’entraînement ?
Au début, ça a été un peu dur. On ressasse toujours la désillusion qu’on a vécue. J’ai fait pendant quinze jours de la remise en forme. Là, je commence à entrer dans le vif du sujet et j’y pense moins. Les séances sont plus difficiles. Mais c’est le boulot.

Quelles sont vos sensations ?
Je n’en ai pas ! Pour l’instant, je ne fais que du foncier, de la course et de la muscu. Je ne saute pas et j’ai les pattes chargées. Ça fait partie de la préparation. Il faut en passer par là. La technique, elle est maintenant acquise. On la bosse mais plus comme avant. Ce sont plutôt des rappels, des réglages.

Avez-vous déjà arrêté votre programme de compétitions pour la saison en salle ?
J’ai regardé il y a un peu le planning. Je pense effectuer ma rentrée comme d’habitude fin janvier, sans doute à Bordeaux le 24. Puis j’enchaînerai avec Stuttgart, Karlsruhe et Stockholm avant les Championnats de France. A Paris, il y aura une pression supplémentaire lors des Europe. Mais j’espère que ça sera une bonne pression. J’y pense au quotidien.

Bercy vous avait plutôt réussi l’an dernier…
C’est vrai, j’avais sauté à 8,24 m lors des France. Je ne peux pas dire que le sautoir est mauvais, moi qui appréhendais de sauter sur une piste en bois. Comme tous les athlètes, je pourrai bénéficier du soutien de ma famille et de mes amis. J’ai déjà connu ça en 2003 à Paris. Mais ça n’était pas pareil. Je n’avais pas la même expérience.

On vous sent motivé…
C’est sûr, les Championnats d’Europe en salle sont pour moi un vrai objectif. D’habitude, je prenais la saison indoor un peu plus à la légère sur le plan mental. Je la considérais plus comme un tremplin, une préparation pour l’été. Là, je n’aurai pas le droit de me louper à Bercy.

Que vous manque-t-il pour enfin monter sur un podium international en plein air ?
Quand je fais le bilan des derniers grands championnats depuis ma grave  blessure, je me rends compte que je suis quand même vachement bien revenu. J’ai fait sixième à Berlin et quatrième à Barcelone et Doha. Une compétition, c’est répondre présent au rendez-vous le jour J. Tout n’est pas mathématique. Je suis régulier, je passe en finale. Mais c’est vrai, il n’y a pas la médaille pour l’instant.

Propos recueillis par Florian Gaudin-Winer pour athle.com

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