Difficile d’établir une hiérarchie entre les six Français titrés lors des magnifiques championnats d’Europe juniors de Tallinn (Estonie). Une compétitition lors de laquelle les Bleuets ont égalé, avec treize podiums, le record de médailles obtenues lors de l’édition 1999 à Riga. Mais force est de constater que le sprinteur Jimmy Vicaut a marqué les esprits. L’athlète du Lagardère Paris Racing, entraîné à l’Insep par Guy Ontanon, a remporté le 100 m en 10’’07, soit un centième sous les minima pour les Mondiaux de Daegu et trois centièmes derrière le record d’Europe de Christophe Lemaitre. Il a également décroché l’or avec ses camarades du relais lors du 4x100 m en 39’’35, à seulement deux centièmes du record de France. Jimmy n’a pas vraiment fêté ce doublé puisque le traditionnel banquet de clôture n’entrera pas, semble-t-il, dans les mémoires de la délégation tricolore. Ca tombe bien puisqu’il sera en piste dès la fin de semaine lors des championnats de France Elite à Albi. Pour une ligne droite qui promet…

Athle.com : Jimmy, avec deux médailles d’or sur 100 m et 4x100 m, peut-on parler d’un championnat d’Europe parfait pour vous ?
Jimmy Vicaut : Oui, c’est une compétition très réussie. La France a décroché beaucoup de médailles. Je crois que le record de titres a même été battu (ndlr : en fait, il a été égalé). Sur le plan perso, j’ai battu mon record sur 100 m et j’ai réalisé les minima pour Daegu. Je voulais les faire depuis longtemps. C’est parfait ! Et puis il y a eu cette victoire avec le relais qui nous a fait très plaisir, à seulement deux centièmes du record de France. L’an dernier, on avait raté pour un centième une place en finale des Mondiaux…

Racontez-nous votre finale du 100 m en 10’’07…
Le problème, c’est que j’ai pris un mauvais départ comparé à la demi-finale. Je me suis un peu précipité. Ensuite, je me suis redressé et j’ai bien levé les genoux. Sur la fin, au moment du cassé, j’ai vu que le chrono affichait 10’’08. J’étais content car je savais que c’était le temps à réaliser pour espérer aller en Corée du Sud. Je n’ai aucune déception par rapport au record d’Europe junior (ndlr : 10’’04 par Christophe Lemaitre). J’ai encore les championnats de France Elite pour essayer de le battre.

Comment expliquer la métamorphose au niveau des passages entre la série et la finale du 4x100 m ?
Les passages en série étaient effectivement catastrophiques. Il y avait de la fatigue. On s’était couchés à minuit et levés à six heures du matin. Je me suis retourné pour prendre le bâton et j’ai eu du mal à rattrapper Jeffrey (John), qui est parti une foulée et demi trop tôt. Je lui ai passé le témoin au dernier moment et il a dû quasiment s’arrêter. En finale, on a réalisé de bien meilleurs passages. C’est toujours sympa de battre les Anglais, qui sont nos traditionnels adversaires.

Que représentent ces deux titres pour vous, après une préparation perturbée par quelques pépins physiques ?
C’est quand même un aboutissement. C’est le résultat du travail effectué à l’entraînement. Je me suis fait une déchirure de dix centimètres à l’ischio droit avant la saison estivale. Ca m’a éloigné des pistes pendant un mois et demi. Mais je n’ai pas douté à ce moment-là. Ce qui m’a en fait le plus énervé, ça a été ma technique lors de mes premières courses. C’était du n’importe quoi.  Après mes 10’’26 à Mannheim (Allemagne), j’ai bossé beaucoup pendant deux semaines et j’ai arrêté de faire des compétitions. Avec Guy (Ontanon), on a travaillé le placement pour que j’essaye de monter plus les genoux.

Vous allez enchaîner immédiatement avec les championnats de France Elite à Albi…
Je vais bien même si je suis fatigué avec les Europe et le voyage en avion. J’ai de petites contractures. Mais je me rendrai demain chez le kiné et ça ira mieux.

Que pouvez-vous viser dans le Tarn ?
Je ne sais pas. Je n’y pense pas vraiment. Je vais déjà essayer de battre mon record et de monter sur le podium. Les moins de 10’’, j’y pense mais c’était déjà le cas avant. Ca viendra quand ça viendra…

Si tout se passe bien, on pourrait aussi vous retrouver à Daegu…
Ce serait le bonus de la saison. Si je suis sélectionné, j’irai pour découvrir ce qu’est le haut niveau et apprendre au contact des meilleurs mondiaux. Une qualification en demi-finale serait l’idéal.

Propos recueillis par Florian Gaudin-Winer pour athle.com

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