Un premier contingent de dix-neuf athlètes tricolores s’est envolé vendredi, en fin d’après-midi, pour la Corée du Sud et les Mondiaux de Daegu. Avant le décollage à Roissy Charles-de-Gaulle, tout ce petit monde a fait escale au siège de la Fédération pour récupérer son équipement. Ambiance.

Un crêpe noir épinglé à leur t-shirt blanc en guise d’hommage. C’est par ce symbole fort que la Fédération Française d’Athlétisme et tous les athlètes de l’équipe de France ont tenu à honorer la mémoire de Pierre Quinon, dont l’omble planait ce vendredi après-midi sur le salon d’honneur du Stade Charléty à Paris. Il y avait quelque chose d’émouvant à écouter les sélectionnés tricolores, du cadet de la sélection, Jimmy Vicaut, à l’expérimenté Jérôme Clavier, évoquer le champion olympique 1984 du saut à la perche. Le champion d’Europe junior du 100 m, comme bon nombre de ses partenaires du relais, n’était pourtant pas encore né quand Pierre Quinon a décroché le graal olympique. Mais la presse, les journaux télévisés et internet ont permis à ces derniers de découvrir ou redécouvrir le parcours de ce grand champion. « Il a laissé son empreinte sur l’athlétisme français, résume la sprinteuse Véronique Mang. Il va beaucoup nous manquer. Ce qui m’a marquée dans tout ce que j’ai pu entendre depuis hier, c’est l’envie qu’il avait de transmettre son savoir aux autres générations. C’est à notre tour de l’honorer à notre façon, en donnant du bonheur sur la piste. »

Lever à quatre heures du matin
En brillant à Daegu par exemple. Pour cela, il faudra arriver au top en Corée du Sud puis s’adapter aux conditions climatiques et au décalage horaire. Une bonne partie des Bleus a d’ailleurs suivi scrupuleusement les conseils du « doc » Jean-Michel Serra, en avançant son heure de réveil au fil des jours. « Aujourd’hui, je me suis levée à quatre heures du matin, raconte Véronique Mang. Je ne me suis pas ennuyée puisque j’adore lire et faire des mots fléchés. Puis je suis allée m’entraîner à neuf heures. Il n’y avait personne au stade. Ca faisait bizarre. » A ses côtés, les relayeurs du 4x100 m sourient. Visiblement heureux de s’être retrouvés. Les vannes et les éclats de rire fusent. « On ne s’est pas vus depuis Albi, glisse Pierre-Alexis Pessonneaux. Ce sont les retrouvailles. Il y a une équipe qui se reforme. » Jimmy Vicaut, arrivé quelques minutes après ses coéquipiers, se fait bien sûr chambrer. Question à ses partenaires : vous allez le couver ? Réponse de Teddy Tinmar : « Non, il sait se débrouiller tout seul ! » Seule ombre au tableau : le forfait de Martial Mbandjock, considéré par tous comme « un chef d’équipe vachement rassurant en chambre d’appel ».

Christophe Lemaitre, l’incontestable leader sportif du 4x100 m, sera, lui, bien sûr de la partie. Il sort d’une grosse semaine d’entraînement. « J’ai fait hier une dernière séance très intense. J’ai travaillé jusqu’au bout et dans tous les domaines. En Corée, je ferai encore deux vrais entraînements. J’ai vraiment ressenti de bonnes sensations de vitesse ces derniers jours. » Les trois kilos pris début août en seulement huit jours ne sont donc plus qu’un lointain souvenir. « J’étais en vacances du côté d’Albi, raconte le triple champion d’Europe. J’ai suivi les consignes de Pierrot (Pierre Carraz), à savoir vraiment oublier l’athlé. Je n’ai pourtant pas fait d’excès. Les trois kilos, ça doit être à force d’être resté dans mon lit et sur le canapé. Mais, vu ma silhouette, je pouvais me permettre de les prendre ! »

L’heure est venue de monter à bord du car spécialement affrété pour rejoindre l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle. C’est dans un joyeux chahut qu’athlètes et membres de l’encadrement le rejoignent. La pression, ce n’est visiblement pas pour tout de suite. Ce que confirme Christophe Lemaitre : « Je ne serai vraiment dans la compétition que le jour de l’échauffement du 100 mètres, pas avant. » A cet instant, lui comme tous les Bleus basculeront dans une autre dimension. « On a tous déjà dans un petit coin de notre tête les Jeux olympiques. Mais on ne va pas brader pour autant les Mondiaux », prévient Jérôme Clavier. On a hâte d’être au samedi 27 août, jour des premières épreuves. Tout comme eux.

Florian Gaudin-Winer pour athle.com